I. TEORETICKÁ ČÁST
2. P ŘEDŠKOLNÍ VĚK
2.1 Školní zralost a připravenost
Cette question, nous nous la posons dans le cadre du contexte choisi : le cadre du langage des structures. Mais cette option pose, par elle-même, un problème épineux qu’il faut préalablement résoudre, d’autant plus que, dans l’histoire de la philosophie, structures et mécanismes ont donné lieu à deux courants (structuralisme et mécanisme) qui peuvent être présentés soit comme indépendants, soit comme interdépendants. Devant cet état de choses, la position que nous adoptons pourrait apparaître moins précise. Quelques détours s’imposent alors pour voir ce qu’il en est exactement.
En prenant le parti d’analyser la double candidature du mécanisme à l’être-théorie et à l’être-philosophie dans le sillage du structural ou, du moins, en référence à lui, on admet l’existence des rapports entre structure et mécanisme. Deux grilles de lecture peuvent amener à un tel traitement de surface : soit l’on postule qu’entre les deux il existe des rapports car dans la notion de l’une comme dans celle de l’autre prédomine la notion de système, soit l’on se fonde sur l’idée que ces rapports sont commandés par l’existence, entre structure et mécanisme, de parallélismes au niveau de leur(s) postulat(s) de base. Parce que dans l’un et dans l’autre cas, ces rapports sont banals, on les traite comme allant de soi. Mais cette quasi- évidence commence à intriguer à partir du moment où on cherche à déterminer le type même de ces rapports ainsi concédés.
Il convient, d’ailleurs, de constater qu’en traitant ces rapports comme allant de soi, la question du degré de participation du mécanisme au contexte structural ne se pose même pas. Et dans les rares cas où elle se pose, c’est dans des intuitions dont le développement ou bien ne dépasse pas le niveau d’une simple indication, ou bien se cantonne dans un concordisme à courtes vues sans un réel souci critique.
Pour justifier notre propos, nous allons immédiatement nous appuyer sur les deux filtres à travers lesquels les rapports entre structure et mécanisme peuvent être saisis, dits et interprétés ; filtres singulièrement significatifs de ces difficultés : d’un côté, la grille de lecture qui permet de développer l’idée qu’entre structure et mécanisme, il existe des rapports parce que parmi les notions qui leur sont associées, celle de système est la plus prégnante ; et, de l’autre, le schéma dicté par le concordisme et dont le développement, se basant sur l’indépendance de surface supposée entre structure et mécanisme, se limite à indiquer qu’entre les deux, il existe des traits isomorphiques au niveau de leur(s) postulat(s) de base. En nous inspirant de travaux de P. Scheurer, nous ferons suivre ces indications de la considération suivante : le mécanisme ne fait que refléter le dire structural qui est en
œuvre dans tout discours et dans toute science. Par conséquent, c’est à ce niveau qu’il
faudra, selon nous, chercher à trouver la réponse à la question fondamentale qui nous préoccupe dans cette section, à savoir, de quoi s’agit-il entre structure et mécanisme ? En quoi ont-ils partie liée ?
1.2.1. Entre structure et mécanisme : notion de système ?
L’idée qu’entre structure et mécanisme, il existe des rapports est, entre autres, justiciable de l’interprétation suivant laquelle, leurs significations ne font que refléter la notion de système.
Cette interprétation qui ne consiste ni en une simple réminiscence ni en une lointaine allusion, équivaut assurément à la reconnaissance et à la prise en compte de la notion de système que l’on retrouve presque littéralement dans le concept systémique de système (opposé au contexte organismique de système), c’est-à-dire dans le contexte théorique où
l’usage du terme ‘système’ est délibérément fait en dehors de toute référence implicite ou explicite à un type déterminé de système.
Dans le contexte théorique évoqué, c’est-à-dire dans le contexte systémique de système, le terme système désigne un complexe d’éléments en interaction, ou plus exactement, l’interdépendance des constituants d’un objet, quelle que soit la nature de celui- ci.
Pour voir en quoi la notion de système ainsi formulée s’exprime à la fois dans les divers sens de structure et de mécanisme, rappelons-en quelques-uns.
En nous référent à la signification que C. Lévi-Strauss et J. Piaget donnent au terme structure, on peut être conforté dans ce sentiment. En effet, ce mot est employé par C. Lévi- Strauss dès la première condition sans laquelle un modèle ne peut mériter le nom de structure. La phrase qui suit est, en quelque sorte, l’explicitation du contenu de ce qu’est le système : « elle (la structure) consiste en éléments tels qu’une modification quelconque de l’un d’eux entraînent une modification de tous les autres ».De son côté, dans la signification qu’il donne à la structure J. Piaget emploie par deux fois le terme ‘système’ : « la structure est un système de transformations, qui comporte des lois en tant que systèmes (par opposition aux propriétés des éléments ». Donc, que ce soit chez C. Lévi-Strauss ou chez J. Piaget, la notion de système prime dans la façon de concevoir la structure. La signification précise que nous dégageons avec V. Lemieux de leurs approches synthétise d’ailleurs mieux cette idée : « la structure conçue comme théorie ou modèle permettant d’expliquer les éléments constitutifs d’un objet ».
La même interprétation vaut lorsque, par mécanisme on entend, de façon générale, ou bien, « un dispositif matériel, composé de parties spatialement distinctes, dont le fonctionnement consiste exclusivement dans le mouvement relatif des parties » ; ou bien, un système de pensée qui prend la machine pour modèle pour penser une réalité quelconque ; ou bien, une ‘philosophie’ qui pense comme machine le tout de la nature ; ou bien, encore, un système de pensée qui cherche à appréhender toute réalité en la ramenant à un ‘mécanisme’ interne parfaitement analysé semblable au mécanisme d’une machine.
Derrière ces différents sens que prend le mécanisme dont le relevé n’est pas exhaustif, se profile l’idée d’interdépendance des parties d’une machine. Cette idée rend justice à la notion de système entendu comme terme qui exprime les relations des constituants d’un objet et rien qu’elles. Le système apparaît alors comme une idée-clé dans la constitution du mécanisme et pour son identification. De fait, penser à partir de la machine ou penser comme machine le tout de la nature, n’est-ce pas admettre que la nature est un système dont il faut dégager le ‘mécanisme’ interne, c’est-à-dire, l’interdépendance de ses constituants ?
Du constat de la prégnance de la notion de système tant dans les diverses significations de ‘structure’ que dans celles de ‘mécanisme’, à l’affirmation de leur nécessité, il y a ainsi un pas qu’on franchit avec une facilité étonnante. En parlant de nécessité, il ne s’agit pas de laisser entendre que structure et mécanisme dérivent de la notion de système. Il s’agit, tout au contraire, de dire que, tout en étant indépendants entre eux, ils sont indépendants de la notion de système, et cette nécessité consiste ainsi en une sorte de co-extensivité dictée par l’‘aprioricité’ de la notion de système dans leurs sens variés. A ce titre, la notion de système leur apparaît comme une véritable pierre d’angle sans laquelle ni leur constitution ni leur identification ne sont possibles. En même temps elle est la notion qui indique que structure et mécanisme ont un ‘air de famille’, mais en même temps qu’ils se distinguent entre eux et vis-
à-vis de la notion même de système et que, par conséquent, cette différence fonde une nouveauté et confère à chaque concept (structure, mécanisme et système) une certaine autonomie.
Sans doute cette interprétation pourrait-elle être juste ; mais il faudrait immédiatement préciser qu’elle peut être constestée à plusieurs égards. Constestable, elle l’est, parce qu’avec elle, la question du type même des rapports existant entre structure et mécanisme demeure toujours posée. En effet, de l’affirmation de leur nécessité et de leur indépendance, on passe au niveau d’une problématique plus vaste : celle des rapports que structure et mécanisme ont vis-à-vis de leurs objets et de leurs champs possibles de manœuvre. Or, ce niveau, un développement débouchant sur une simple indication ne peut le thématiser.
Contestable, elle l’est aussi, car le même vocable ‘système’ peut recouvrir des conceptions antagonistes. En effet, contrairement au contexte du structural où l’usage de système est fait en référence, à la fois, au système fermé et au système ouvert car l’idée d’interdépendance n’y concerne pas les seules relations entre les éléments du système mais aussi avec son environnement ; dans le domaine mécaniciste cet emploi n’est apparemment fait qu’en référence au système fermé, même si, comme on sera amené à le démontrer ultérieurement, certains penseurs ont tenté de l’étendre au système ouvert. Ce faisant, la notion de système ne peut, en elle-même, indiquer le niveau où l’on peut mettre inextricablement la structure en rapport avec le mécanisme.
Tout ce qu’on peut, cependant, retenir en termes de gain de connaissance obtenu grâce à la démarche adoptée, c’est que la notion de structure et celle de mécanisme n’interviennent qu’à partir du moment où on décide effectivement de considérer ces notions comme offrant un caractère de système, d’une part, et d’envisager les phénomènes comme systèmes, d’autre
part. Dans ce cas, devons-nous préciser, ce que structure et mécanisme désignent, c’est l’interdépendance des constituants du système – à condition de ne pas référer l’usage de ‘système’ à un type déterminé de système -, autrement dit, leurs relations et rien qu’elles, dans la totalité qu’est l’objet, l’idée de totalité étant déjà exprimée par l’idée même de système.
1.2.2. Entre structure et mécanisme : un postulat de base commun ?
Dans la préoccupation pour élucider le type des rapports existant entre structure et mécanisme, une autre intuition est celle dont le développement ne consisterait plus, comme on vient de le voir, à indiquer que leurs rapports se basent sur la notion de système qui apparaît comme leur véritable pierre angulaire. Fondée sur l’interdépendance, qui pourrait sembler de surface, entre les deux, la présente thèse est celle qui soutient qu’entre le structuralisme et le mécanisme, il existe des parallélismes au niveau de leur postulat de base.
En mettant en regard les étapes de la démarche du penseur mécaniste établies par T. Vogel avec les conditions sans lesquelles des modèles ne peuvent pas mériter le nom de structure selon C. Lévi-Strauss et les trois caractères que comprend une structure selon J. Piaget, on pourrait dire que le structuralisme et le mécanisme se fondent sur le postulat commun de totalité systématique. Les phénomènes dont s’occupent le mécanisme et le structuralisme sont conçus d’emblée comme formant une totalité systématique dès lors qu’ils sont interdépendants : c’est ce que traduit la notion même de système ou, dans une certaine mesure d’ailleurs inexacte, si à travers les deux, on désigne un ensemble d’éléments interdépendants.
Nous ne reprendrons plus les significations que C. Lévi-Strauss et J. Piaget appliquent au terme structure ; celles-ci étant déjà révélées dans la deuxième section. Limitons-nous, par conséquent, à rappeler les étapes de la démarche mécaniste telles que résumées par T. Vogel afin de clarifier ce qu’on vient d’énoncer comme leur postulat commun.
L’un des principaux mérites de T. Vogel est de préciser la quintessence de la démarche mécaniciste. D’après lui, le procédé mécaniciste consiste en trois étapes. Celles-ci, sont calquées sur ce que la mécanique fait, avec le succès que l’on sait, à propos des systèmes dynamiques stricto sensu : les mêmes démarches étant appliquées à d’autres êtres que des déplacements et des forces à proprement parler. Ce que le mécaniciste et le néo-mécaniciste font se résume en ces quelques lignes : « 1° abstraire d’un système concret un nombre limité d’aspects, intuitivement jugés les plus importants, ou formant un tableau quasi-indépendant, et étudier leur comportement sans aucune action d’éléments étrangers à ce groupe. Ceci peut évidemment être fait de diverses façons, dont les unes seront peut-être plus fécondes que les autres pour répondre à telles questions que l’on se pose ; mais toutes permettent sans doute d’éclairer la réalité par une de ses facettes particulières, et toutes contribuent par conséquent à enrichir notre connaissance de la réalité. 2° faire correspondre aux quelques qualités retenues des êtres mathématiques, et postuler que ces êtres ont entre eux des relations spécifiques du système (telles que des équations différentielles ou fonctionnelles), qui expriment les ‘lois’ d’évolution de tous les phénomènes du même type. Ces lois devraient se rattacher à un petit nombre de principes généraux applicables à toute une classe de phénomènes, l’idéal étant un principe unique et universel, diversement applicable à chaque classe (tel le principe de moindre action, postulé expressément pour la mécanique, mais qu’on a tendance à étendre, de façon plus ou moins vague, à toute la philosophie naturelle). 3° tirer des relations ainsi posées
toutes leurs conséquences logiques ; traduire celles-ci dans le domaine des observables ; et constater par l’expérience qu’elles sont effectivement observées »76
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Pour gagner en compréhension, faisons éclater ces trois étapes en sept. Dans cette logique, nous pouvons dire que, pour rendre compte des phénomènes, le penseur mécaniste commence d’abord par retenir un système concret, c’est-à-dire un tout plus ou moins stable et isolé de son environnement.
En second lieu, il abstrait de ce système concret un certain nombre d’éléments significatifs dont il étudie le comportement comme s’ils constituaient un groupe ou un système fermé. Cette réduction, mieux cette abstraction, est définitive et irréversible. Le penseur mécaniste étudie le comportement des éléments jugés intuitivement les plus importants comme s’ils n’entretenaient aucune relation avec d’autres éléments qui leur seraient étrangers. Dans ce sens, il ne peut s’autoriser à insérer plus tard, dans l’explication, les éléments jugés étrangers au moment où il définissait le système concret sinon cela contredirait l’explication postulée et conduirait à reprendre tout à zéro.
En troisième lieu, le penseur mécaniste associe aux qualités retenues des êtres mathématiques.
De là – nous sommes à la quatrième étape -, le penseur mécaniste postule qu’entre les phénomènes observés, il existe des relations spécifiques comme celles qu’on voit, par exemple, dans les équations différentielles qui expriment des ‘lois’ d’évolution de tous les phénomènes ayant les mêmes propriétés.
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Se basant sur ces relations, le penseur mécaniste rattache ces lois – cinquième étape – à un certain nombre des principes généraux qu’on peut appliquer à toute une classe de phénomènes, « l’idéal étant un principe unique et universel, diversement applicable à chaque classe ».
Sixièmement, le mécaniste déduit de ces relations le nombre le plus élevé possible de conséquences logiques.
Septièmement, enfin, le penseur mécaniste traduit ces conséquences logiques dans le domaine des observables pour vérifier jusqu’à quel point elles se révèlent adéquates.
Telles sont, selon T. Vogel, les étapes de la démarche du penseur mécaniste qui connut une grande fortune pendant les trois siècles antérieurs au XXe siècle et qui contribua à une élaboration scientifique considérable.
Le postulat de la totalité sytématique correspond chez T. Vogel à l’idée suivant laquelle les aspects significatifs retenus forment un groupe indépendant ; aspect dont il faut étudier le comportement sans aucune action d’éléments étrangers à ce groupe. Chez C. Lévi- Strauss, elle correspond à la première condition qui dispose que la structure offre un caractère de système et elle consiste en éléments tels qu’une modification de l’un d’eux entraîne la modification de tous les autres. Chez J. Piaget, elle est explicitement mentionnée par le terme ‘totalité’.
Du constat de l’existence d’un postulat commun, on affirme qu’entre mécanisme et structure il existe des rapports.
Apparemment, ce qui guide globalement cette interprétation, c’est un concordisme. De cette préoccupation découle son silence gênant et l’absence de toute discussion sur plusieurs points.
Contentons-nous d’en rappeler un seul qui paraît le plus important : son silence sur d’autres postulats de structure, par exemple, le postulat de transformations et d’auto-réglage. Ces caratères sont essentiels car ils donnent à la structure son intelligibilité ; celle-ci étant définie, d’un côté, par les transformations permanentes entre les éléments, et de l’autre, par l’auto-réglage qui maintient la structure en tant que tout.
D’après l’explication piagétienne, ces trois propriétés de totalité, de transformations et d’auto-réglage que comprend une structure, caractérisent tous les groupes de transformation, si bien que toutes les structures connues sont des systèmes de transformations.
Ce qui, à nos yeux, présente le plus haut intérêt dans l’explication piagétienne, c’est le fait pour une structure de se maintenir ou de s’enrichir. D’après J. Piaget, pour demeurer elle- même, c’est-à-dire identique à elle-même, dans les différents états de ses transformations, la structure dispose d’un mécanisme tel que ses paramètres caractéristiques demeurent effectivement constants, et que les relations que ceux-ci définissent ne se modifient pas fondamentalement. Ce mécanisme, c’est celui d’auto-réglage de la structure en tant que totalité systématique.
Le caractère d’auto-réglage ou d’auto-contrôle de la structure implique que celle-ci dispose d’un espace de manœuvre dont elle ne peut dépasser les frontières sans perdre son identité.
La structure dispose d’une fermeture. Cette fermeture équivaut à son champ d’opérations possibles, c’est-à-dire à son espace de manœuvre. Elle est indispensable car elle lui assure son autonomie relative. Mais cette autonomie et cette fermeture sont relatives parce qu’elles n’impliquent pas l’isolément complet de la structure. La strucutre peut faire partie d’une, voire de plusieurs autres structures plus englobantes. Le mécanisme d’auto-réglage renvoie aussi à l’idée de prévention et de correction des erreurs car il veille à ce qu’aucun franchissement d’espace de manœuvre de structure n’advienne.
Pour comprendre la façon dont ces idées s’appliquent à l’anthropologie lévi- straussienne, indiquons, sans entrer dans les détails, l’essentiel de l’idée des structures sociales qui s’y déploie. En gros, chez C. Lévi-Strauss les structures sociales sont des modèles, ou mieux, un ensemble articulé des modèles conçus pour expliquer les phénomènes sociaux, et en particulier les relations sociales. De plus les modèles appartiennent toujours à un groupe de transformations. Dans cette expression de groupe de transformations il y a l’idée d’un édifice théorique. Ceci étant, on explique les relations sociales au moyen des lois constantes de composition ou d’organisation, qui sont celles des transformations. Dans cette logique les ruptures observées au niveau des phénomènes sociaux tels que le mariage, l’économie et le langage, ne sont que superficielles. Elles ne correspondent pas à une discontinuité de profondeur, parce que, une fois replacés dans l’ensemble des possibles sociaux, c’est-à-dire dans la strucutre sociale globale, on retrouve dans ces trois phénomènes sociaux les mêmes systèmes de transformation, envisagés sous trois points de vue distincts : il est question, à chaque fois, de la communication (échange des femmes, des biens et des messages) régie par la loi de la réciprocité. Les trois phénomènes sociaux se rencontrent donc et s’accomplissent de la même manière dans le cadre plus englobant de la communication.
Quand bien même ces considérations ne permettraient pas de déterminer le type même