• No results found

La critique réaliste de Flaubert et Maupassant sur la situation de la femme à travers les personnages d'Emma et de Jeanne

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Share "La critique réaliste de Flaubert et Maupassant sur la situation de la femme à travers les personnages d'Emma et de Jeanne"

Copied!
32
0
0

Loading.... (view fulltext now)

Full text

(1)

Ann-Sofie Persson Kandidatuppsats

2013

LINKÖPINGS UNIVERSITET

Institutionen för Kultur och Kommunikation Rama Alshammari

Franska 3

La critique réaliste de Flaubert et Maupassant

sur la situation de la femme à travers les

personnages d’Emma et de Jeanne.

Den realistiska kritik av Flaubert och

Maupassant om kvinnors situation igenom

karaktärerna Emma och Jeanne.

The realistic criticism of Flaubert and

Maupassant about the women situation through

the characters of Emma and Jeanne.

(2)

2

Table des matières

1.INTRODUCTION ... 3

2. Le réalisme ... 6

2.1. La présentation du réalisme ... 7

2.1.1 L’image du monde extérieur ... 7

2.1.2 L’image des personnages ... 8

2.2 Le développement de la science ... 8

3. La situation de la femme au XIXe siècle ... 10

3.1. L’éducation des femmes ... 10

3.2. Les compensations ... 11

4. Flaubert et Madame Bovary : ... 13

4.1 Le style de Flaubert dans Madame Bovary ... 14

4.2 Le personnage d’Emma ... 16

4.2.1 Le rêve et la passion ... 16

4.2.2. La déception et la fuite ... 17

4.2.3 Emma, une victime ? ... 19

5. Maupassant et Une Vie ... 21

5.1. Le personnage de Jeanne ... 22

5.1.1 Le rêve et la passion ... 22

5.1.2 La déception et la fuite ... 24

5.1.3 Jeanne, une victime ? ... 26

6. Une analyse comparative ... 27

7. La conclusion... 29

(3)

3 INTRODUCTION

Le réalisme, d’après Larousse, est une « [t]endance littéraire et artistique du XIXe s., qui privilégie la représentation exacte, tels qu'ils sont, de la nature, des hommes, de la société »1. Pendant la

deuxième moitié du XIXe siècle les problèmes sociaux, comme les conditions de travail, le manque de logements et d’argents, influencent l’art et la littérature. Beaucoup d’écrivains français ont représenté la réalité dans leurs œuvres.

Dans ce mémoire, j’ai choisi d’étudier Madame Bovary de Gustave Flaubert et Une vie de Guy de Maupassant parce que les auteurs décrivent la réalité et le pessimisme qui existent dans la vie du XIXe siècle. Ils s’opposaient au romantisme parce qu’ils se tournaient vers la science et vers les aspects matériels pour représenter la réalité et n’accordaient aucune importance à la rêverie et à la sensibilité. De plus, ces deux romans ont un point commun, tous deux racontent l’histoire d’une femme romantique qui souhaite avoir une bonne vie comme dans ses rêves. Ce sont deux romans qui parlent de la situation de la femme à cette époque-là.

Flaubert a été critiqué après avoir publié son œuvre Madame Bovary en 1857 parce qu’il

exprimait avec honnêteté, ce qui était interdit dans la société. En racontant l’histoire d’Emma, il fait une peinture où il décrit la situation dans la société, la vérité dure de la vie et des gens à travers son personnage Emma Bovary qui est l’héroïne. Son chef-d’œuvre était plus

précisément considéré comme une mauvaise image de la femme par la société parce qu’elle cherchait l’amour avec d’autres hommes que son mari.

En 1883, presque 30 ans plus tard, Une Vie a été publié. L’auteur, Maupassant, et son œuvre étaient influencés par Flaubert et son œuvre ressemblait aux idées et presque même à l’histoire de Madame Bovary. Dans son roman, il crée une image du pessimisme de sa société à cette époque-là en la montrant dans la vie de son héroïne, Jeanne.

1

(4)

4 Ce mémoire va analyser les traits réalistes chez Flaubert et Maupassant, c'est-à-dire les choses sur lesquelles dépendent les deux auteurs pour expliquer le plus parfaitement possible la réalité. Cela peut impliquer la description en détail du milieu et l’analyse des personnages. Mais le but principal ou l’objectif de ce mémoire est de montrer comment Madame Bovary et Une

Vie dépeignent, à l’aide de l’esthétique réaliste, la condition féminine au XIXe siècle à travers

les personnages d’Emma et de Jeanne. C'est-à-dire de montrer l’image réaliste, par le point de vue de Flaubert et Maupassant, concernant la situation de la femme. Pour réaliser l’objectif de mon mémoire, je ferai une comparaison entre les deux héroïnes de Madame Bovary et Une Vie où j’analyserai, à l’aide des questions posées ci-dessous, la représentation de la situation de la femme de ce siècle. Je présenterai également le point de vue social, en ce qui concerne la condition féminine, selon lequel elle est un objet soumis à l’influence de la société. Flaubert et Maupassant, montrent le destin tragique des deux héroïnes qui peut se produire pour de nombreuses raisons ; d’une part, il y a des facteurs sociaux comme les lois, les mœurs et les traditions, d’autre part, il y a le manque de compréhension pour les sentiments et les

personnalités des femmes. Les deux œuvres sont donc une critique réaliste de l’époque qui est expliquée à travers la personnalité des personnages, Emma et Jeanne.

Les questions seront donc : Est-ce que les personnages (qui peuvent être vus comme des représentants de la femme du XIXe siècle) sont victimes de ce siècle où elles doivent subir et obéir aux lois ? Est-ce qu’elles sont vraiment faibles et dépendantes des hommes qui dominent leur vie? Est-ce que Flaubert et Maupassant ont réussi à décrire, dans leurs romans, la situation de la femme pour critiquer leur société et pour montrer le pessimisme et la souffrance de leur époque à travers la condition de vie des deux héroïnes? Les deux romans répondent-ils donc à la définition du réalisme ? Alors en répondant à ces questions et en étudiant les deux

personnages, on introduit la vision des deux écrivains sur le rôle de la femme dans leur société. J’ai trouvé de nombreux de recherches et d’articles qui traitent le sujet de réalisme. D’autres étudient la condition féminine dans la société en générale et même dans la littérature française. L’une des articles que j’ai trouvés utile pour approfondir l’objectif de ce mémoire, c’est par exemple l’article de Kuzucu Hamza « Deux conceptions de maternités : Madame de

(5)

5 Renal et Madame Bovary ». Il montre la conception de la maternité chez la femme et comment ce sujet est traité par des auteurs dans la littérature.

Avant de commencer à écrire sur ce sujet, je ferai tout d’abord une introduction au réalisme et ses thèmes principaux pour qu’on comprenne pourquoi et comment les deux auteurs écrivent pour montrer leurs idées dans leurs écritures. Puis, je présenterai les idées dominantes

concernant la situation de la femme au XIXème siècle. Et après, je ferai une analyse de la personnalité des deux héroïnes qui peut donner, selon les deux auteurs, une représentation du réalisme dans ces deux œuvres.

(6)

6 2. Le réalisme

Le mot réalisme apparait pour la première fois en France dans un article anonyme du Mercure

du XIXe siècle en 1826.2 C’est un magazine littéraire qui critiquait et s’opposait aux idées du romantisme surtout dans l’art, et plus précisément la peinture. Ce terme a été bien mentionné par Emile Lettré, philosophe et lexicographe, dans son Dictionnaire de la langue française où on voit que le terme est appliqué aux beaux-arts comme à la littérature. Enfin et grâce à

l’utilisation bien remarquée du terme réalisme par les écrivains et les peintres, le mot entre dans le Dictionnaire de l’Académie française en 1878.3

Traditionnellement, c’est la période entre 1850 et 1885 qu’on appelle la période du réalisme. Selon Michel Brix, qui a écrit un article sur l’opposition romantisme/réalisme au XIXe siècle, « l’histoire littéraire considère que la fin du romantisme coïncide avec l’avènement du

‘réalisme’ »4. M. Brix montre que le réalisme n’a pas vraiment suivi après le romantisme mais s’est « développé parallèlement à ce dernier depuis le début du XIXe siècle »5. Le réalisme était une période d’exploration de la réalité telle qu’elle est. Dans le livre Lire le réalisme et le

naturalisme de Colette Becker, l’écrivain explique le réalisme selon Champfleury:

L’art vrai, ce qu’on pourchasse aujourd’hui sous le nom de réalisme […] l’art simple, l’art qui consiste à prendre des idées sans ‘les faire danser sur la phrase’, comme disait Jean-Paul Richter, l’art

qui se fait modeste, l’art qui creuse et qui cherche la nature […].6

C’est donc un mouvement qui analyse et traduit la vérité de la société à cette époque-là sans mensonges, un art qui s’appuie sur l’observation de la réalité. L’écrivain va dépeindre les milieux en détail et avec un style simple, clair et le plus neutre possible.

2Harvey, Paul. The Oxford Companion to French Literature, London: Oxford University Press, 1959.

3

http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/r%C3%A9alisme/86007 (2012-03-07).

4 Brix, Michel. « Pour un réexamen des cadres de l’histoire littéraire du XIXe siècle : l’opposition

romantisme/réalisme », Vol.45, 2001. p. 268.

5

Ibid, p. 269.

6Becker, Colette. Lettre à M. Ampère touchant la poésie populaire», Revue de Paris, 15 novembre 1853, repris dans Le

(7)

7 A cette époque, beaucoup d’écrivains ont développé ce style d’écriture comme Stendhal qui était « le premier [qui] envisage le roman comme un ‘miroir’ de la réalité »7. Stendhal utilisait de « petits faits vrais » en écrivant ses œuvres parce qu’il voyait la vérité dans ces petits détails.

2.1. La présentation du réalisme

Dans les deux parties ci-dessous, je présenterai les images réalistes utilisées par les écrivains. Dans la première partie, j’exposerai la description et l’observation du milieu chez des écrivains réalistes. Par rapport à la deuxième partie, je présenterai comment ces écrivains décrivent leur personnages pour qu’ils représentent la situation de l’époque.

2.1.1 L’image du monde extérieur

Les écrivains réalistes décrivent dans leurs textes littéraires le concret en faisant allusion à la vie matérielle. Le fait qu’ils décrivent avec précision le milieu d’une société nous donne une exacte représentation « des mœurs du siècle »8. Comme Stendhal, Balzac et Zola étaient des écrivains qui exprimaient la vérité en décrivant le milieu en détail. Colette Becker montre dans son livre comment les romanciers décrivaient les petits faits. Selon Becker, Zola expliquait comment il admirait la méthode d’un Balzac et d’un Stendhal dans un texte qu’il écrit dans ses réflexions :

Différences entre Balzac et moi : « Eux [Balzac et Stendhal] seuls ne sont pas des poètes

déguisés. Ils ont pénétré le mécanisme de la vie, en chirurgiens impitoyables, et nous ont expliqué nos misères et nos grandeurs. Leurs œuvres […] sont le plus grand magasin de documents que nous ayons sur la nature humaine »9. Alors en introduisant dans leurs romans des détails fondés sur l’observation du milieu, on va comprendre leur explication concernant la réalité de leur époque.

7

DESHUSSES, Pierre, KARLSON, Léon. La littérature française au fil des siècles (XIXe et XXe siècles), Paris, Bordas 1996. p.114.

8

Brix, Michel. « Pour un réexamen des cadres de l’histoire littéraire du XIXe siècle : l’opposition romantisme/réalisme », Vol.45, 2001, p.270.

9

(8)

8 2.1.2 L’image des personnages

Pour avoir une bonne compréhension de la situation sociale de l’époque, il s’agit également de comprendre la situation de l’individu dans cette société. A travers les personnages, l’écrivain donne une représentation de l’homme et de sa relation avec la société.

On voit, par exemple, la description du monde aristocratique par le regard de Mme Bovary, une petite bourgeoise, qui était fascinée par ce monde-là. Par ce regard, Flaubert expose, selon lui, la réalité du monde extérieur, de la condition de l’individu et du milieu qui l’entoure. Dans l’œuvre Les essais de psychologie contemporaine, Paul Bourget fait une analyse des formes que prend le pessimisme chez des écrivains pessimistes à travers leurs œuvres littéraires. Selon Ninane de Martinoir 10 ci-dessous, Bourget dit à propos de Flaubert que « Ses personnages sont le produit d’une civilisation fatiguée […]. Dans toutes ses œuvres, il [Bourget] entend un sanglot, celui de l’homme qui a trop pensé. »10

Cela explique ce que Flaubert pense de sa société et de l’individu. Il traduit ses pensées à travers ses personnages. Ses personnages sont un bon exemple que G. Flaubert peut donner pour qu’on comprenne quelle est la situation de l’individu d’une certaine classe de la société. 2.2 Le développement de la science

Le XIXe siècle a expérimenté un essor de la science, visible dans les pensées positives exprimées par des écrivains par exemple. Ils avaient plus de foi dans le progrès scientifique que dans la religion. C'est-à-dire qu’ils n’ont peut-être pas trouvé une réponse convaincante à beaucoup de questions concernant la vie et la nature dans la religion. En revanche, la science a développé leurs idées grâce à l’expérience et à l’observation.

On peut dire que la méthode de l’observation dans la littérature a été remarquée grâce à l’intérêt pour la science à l’époque. La science a alors influencé la littérature et l’image des écrivains réalistes concernant l’humanité :

10

NINANE DE MARTINOIR Francine, « Maupassant et le pessimisme ‘fin de siècle’ », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie, Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999. p. 168-169.

(9)

9 L’apparition des sciences humaines, les modèles de classement et d’analyse découlant de la médecine et de zoologie influencent la vision de l’humanité d’un Balzac et plus tard d’un Zola. La littérature, selon eux, doit avoir une exigence scientifique de précision et de rigueur dans l’observation et l’expression, pour atteindre le vrai.11

L’auteur précise en décrivant les choses et les lieux par ses moindres détails. Par l’observation exacte, il montre les mœurs du siècle pour apporter son idée sur la vérité au lecteur. La méthode scientifique a inspiré les écrivains à étudier les sciences humaines, c'est-à-dire, les cultures humaines, leur histoire et leurs comportements individuels et sociaux.

Les parties différentes du réalisme présentées ci-dessus ont pour but de donner une conception plus claire de l’écriture chez les écrivains réalistes et de voir pourquoi ils écrivent de cette manière-là. On peut comprendre, après avoir lu ces parties, le style et le point de vue chez G. Flaubert et G. de Maupassant. En analysant leurs images du monde extérieur et leurs personnages dans les parties suivantes du mémoire, on aura une plus grande compréhension de leurs pensées réalistes concernant la situation de la femme.

11

DESHUSSES, Pierre. KARLSON, Léon. La littérature française au fil des siècles (XIXe et XXe siècles), Paris, Bordas, 1996. p.114.

(10)

10

3. La situation de la femme au XIXe siècle

Selon Yannick Ripa, l’auteur de Les femmes, actrices de l’histoire, la femme du XIXe siècle a vécu dans une société patriarcale où elle a dû se soumettre à l’homme. Elle a souffert du fait que cette société favorisait l’homme à la femme : « La femme est la moitié de l’homme, la réciprocité relève l’impensable. Il est fort, elle est faible ; il est chaud, elle est froide, il est le feu, elle est l’eau ; […] il est courageux, elle est craintive. »12

Ripa montre comment le XIXe siècle renforce la différence entre les deux sexes. Cette situation comparative nous donne une vision de l’inégalité entre l’homme et la femme et de la place que la femme occupe dans la société. On comprend, d’après le livre de Yannick, que les femmes en général, que ce soit les femmes privilégiées ou les femmes du tiers état, ont la même

destination, la maternité. « La maternité est le but de la vie de toute femme. Elevée au rang de principe normatif et fixée par la nature. »13.

Ripa explique que selon les idées dominantes du XIXe siècle la femme, en respectant l’ordre naturel, doit être épouse, mère, élever les enfants et s’occuper de la maison.

La faiblesse de la femme est décidée non seulement par les lois de la nature mais elle est également inscrite par le Code civil, élaboré entre 1800 et 1804, qui légalise la hiérarchie des deux sexes en faisant de la femme « une éternelle mineure »14 et dépendante de l’homme (le mari, le père).

Ce sujet a été critiqué par des écrivains réalistes dans leurs œuvres. Leurs idées sur les femmes étaient influencées par leur temps. Ils ont exposé la condition féminine au XIXe siècle en montrant les aspects réels de la situation de la femme : l’inégalité, l’absence de droits et l’incapacité des femmes dans la société.

3.1. L’éducation des femmes

Les filles bourgeoises et nobles reçoivent l’éducation dans les institutions religieuses.

L’enseignement religieux et limité prépare la fille à sa destination dans la société, c’est-à-dire

12

RIPA, Yannick. Les femmes, actrices de l’Histoire. France, 1789-1945, SEDES, Campus/ Histoire. 1999, p.12.

13

Ibid. p.12.

14

(11)

11 d’être épouse et mère. Elle est « mal préparée à la vie, impuissante à se réaliser et à infléchir sa destinée […] »15. A cause de cette éducation limitée, la femme va vivre dans une société où elle va être ignorée et incapable de faire face à la dure réalité. Dans le livre Destins de femmes, désir

d’absolu de Micheline Hermine, elle explique comment était la situation de la femme au XIXe

siècle. « L’éducation religieuse isole les filles du monde, les oriente vers la rêverie, enseigne le mépris du corps, le dégoût de la sexualité, les détourne de la vie. »16

Alors, pour remplir cette incompréhension et ce vide dans sa vie, la fille imagine ce monde où elle espère vivre heureuse et cela va remplir son esprit et son cœur de « fausses idées sur la vie et l’amour »17. Dans ses rêveries, elle cherche une vie idéale où il n’y pas de déception comme dans la vie réelle.

3.2. Les compensations

Le mariage est la destinée prévue pour la femme comme Lieber l’explique: « Le but de la vie d’une fille, c’est l’amour et le mariage »18. Elle sait que sa destinée va être le mariage et la maternité. La seule chose qu’elle doit probablement faire comme femme, c’est d’attendre l’époux. Elle s’attend au bonheur comme épouse après le mariage, un bonheur qui va être comme dans ses rêveries, mais dans la réalité, beaucoup de femmes ont trouvé la souffrance et la déception dans le mariage. Comment trouve-t-on le bonheur et la satisfaction si on ne fait rien que de s’occuper de la maison et se soumettre à l’autorité du mari ? Du point de vue réaliste et critique, Flaubert et Maupassant représentent cette situation d’une femme

insatisfaite, qui ne voit qu’un seul chemin devant elle, dans leurs personnages. Alors à cause de cette déception, elle va essayer de trouver une distraction pour fuir la réalité. La distraction ou l’oubli de « l’erreur de sa vie »19 pour une femme était non seulement vivre dans ses rêveries

15

LIEBER, Catherine. « La condition de la femme dans Une Vie ». Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie. Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999, p.278.

16

HERMINE, Micheline. Destins de femmes, désir d’absolu, essai sur Madame Bovary et Thérèse de Lisieux. BEAUCHESNE, Paris, 1997, p.175.

17 LIEBER, Catherine. « La condition de la femme dans Une Vie », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une

Vie, Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999, p.279.

18

Ibid. p. 286.

19

(12)

12 mais également le soin de ses enfants. La maternité était la fuite de cette erreur. Une autre distraction était d’avoir un amant qui permet à la femme d’échapper et « de retrouver leurs rêves d’adolescente et de revivre leur idéal enfui. »20

Les personnages Emma et Jeanne incarnent la condition de la femme faible et déçue à l’époque. Elles sont deux âmes qui représentent la difficulté et l’incapacité de vivre dans une société qui, selon l’article d’Ellen Constans, ne considère la femme que comme « un objet soumis aux manipulations de la société, des hommes et de la puissance divine »21. Constans explique que le type patriarcal et l’inégalité des sexes sont l’idéologie et la morale dominante dans la société du XIXe siècle.

20 LIEBER, Catherine. « La condition de la femme dans Une Vie », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une

Vie, Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999, p.288.

21

CONSTANS, Ellen. « Victime et martyre ! Héroïne ? La Figure Féminine dans le roman de la victime (1875-1914) », Université de Limoges, 2003, p.12.

(13)

13

4. Flaubert et Madame Bovary

Gustave Flaubert est né à Rouen en 1821. Il vient d’une famille bourgeoise heureuse et unie. Son père était le chirurgien de la ville qui dirigeait l’école de médecine et qui était « l’un des grands médecins de son temps »22. Le milieu médical a influencé Flaubert. On peut par exemple voir dans Madame Bovary la représentation de son père dans le personnage du docteur

Larivière. On voit aussi comment Flaubert s’est inspiré des lieux et du milieu : « personnages et lieux ont été créés par l'artiste à partir de la réalité, ou plutôt d'un ensemble de réalités […] »23.

Flaubert montre sa vision pessimiste sur la vie à cette époque dans son roman réaliste Madame

Bovary publié en 1857 et dans ses autres œuvres. Ses thèmes, comme par exemple la condition

de la femme à l’époque, sont inspirés de la vie réelle. Il transmet une image parfaite de la réalité triste en utilisant la description et l’observation des choses.

Le roman de Madame Bovary raconte l’histoire d’une jeune femme, Emma, qui vit avec son père à la campagne. Emma a passé son temps à lire des romans romantiques en attendant son avenir heureux. Cette littérature romantique l’avait beaucoup influencée et elle rêvait d’avoir la même vie que celle dans ces histoires. Elle voulait découvrir le monde en épousant Charles Bovary, un personnage qui, quand on lit le roman Madame Bovary, est sans charme et manque d’imagination. Emma pensait que sa vie conjugale et son mari allaient ressembler à celle dans ses rêveries et les romans qu’elle lit. Mais pour elle, c’était le contraire. Pour cette raison, elle a cherché la vie parfaite en échappant à la réalité et en plongeant dans ses rêves. Mais à la fin, elle était menacée d’une saisie de ses biens et elle se suicide en prenant de l’arsenic.

Madame Bovary a été critiqué et refusé par la société parce que le roman manque de pudeur

en écrivant sur l’adultère. Il était également attaqué parce que Flaubert a critiqué « l’institution

du mariage »24 et la condition de la femme qui à l’époque était « comme un objet

22

Gustave Flaubert, Larousse

http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Flaubert/119630 (2012-04-12).

23

Ibid.

24

HERMINE, Micheline, Destins de femmes, désir d’absolu, essai sur Madame Bovary et Thérèse de Lisieux. BEAUCHESNE, Paris, 1997, p. 176.

(14)

14

d’échange »25. A cette époque, les institutions religieuses n’acceptaient que des femmes

insoumises. Cela n’est pas les mœurs que les filles doivent apprendre. C’était la raison

principale pour ne pas accepter le contenu du roman ainsi que le langage et le style. Mais dans le livre de Stephen Heath Gustave Flaubert, Madame Bovary, il explique clairement que le roman a reçu un grand succès malgré toutes les critiques : « Everyone has read it, is reading it

or wants to read it»26.

4.1 Le style de Flaubert dans Madame Bovary

Flaubert a mis cinq ans à écrire son roman Madame Bovary. Il voulait que le langage et le style soient parfaits pour donner, avec le contenu ou le sujet, une image complète de la situation. Il écrit à Louise Colet dans une de ses lettres : « Sais-tu combien j’ai fait de pages cette semaine ? Une, et encore je ne dis pas qu’elle soit bonne ! » 27.

Le roman expose des moments d’une vie où les actions montent vers le dénouement, le moment de la mort.

Par rapport à la présentation des personnages, Flaubert commence par décrire l’extérieur physique et puis son intérieur ou son caractère. Prenons l’incipit du roman qui décrit Charles Bovary : « un nouveau habillé en bourgeois » (p.47). Cette phrase et les phrases suivantes donnent une image extérieure d’un garçon qui vient de la campagne, en décrivant les détails physiques et la façon de s’habiller. L’auteur décrit la casquette de Charles Bovary en détail et cette scène nous dresse le portrait d’un nouveau garçon ridicule et très timide. Flaubert montre ici la présentation de la classe bourgeoise par la caricature et le caractère de Charles Bovary, un bourgeois sans personnalité.

On remarque le style réaliste par la description du milieu et des personnages. La description minutieuse du château du Marquis est un exemple réel de la vie élégante que les autres classes

25

HERMINE, Micheline, Destins de femmes, désir d’absolu, essai sur Madame Bovary et Thérèse de Lisieux. BEAUCHESNE, Paris, 1997, p.177.

26 Heath, Stephen. Gustave Flaubert, Madame Bovary, Cambridge, New York: Cambridge University Press, 1992,

p.48.

27

Gustave Flaubert, CORRESPONDANCE: ANNEE 1854. Ed. Danielle Girard et Yvan Leclerc, Rouen, 2003.

(15)

15 de la société souhaitent : « Les bougies des candélabres allongeaient des flammes sur les

cloches d’argent ; les cristaux à facettes, couverts d’une buée mate […] des bouquets étaient en ligne sur toute la longueur de la table » (p.100).

On voit aussi une description scientifique exacte dans le roman en ce qui concerne la médecine parce que Flaubert était élevé dans un milieu médical. Cela l’a aidé à décrire, d’une manière exacte, la condition de santé d’Emma avant sa mort : « Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche.» (p.419). Dans l’ouvrage

Madame Bovary et les savoirs, Juliette Azoulai montre dans son article « Le savoir médical dans

la scène des abricots » le savoir médical de Flaubert en écrivant son roman Madame Bovary : «Madame Bovary est […] un roman de la médicine, où le savoir […] gravite autour d’un point aveugle : la maladie d’Emma.»28 Cela explique donc le savoir de Flaubert des traités de médecine quant il décrivait la maladie d’Emma par exemple.

A la fin du roman, on peut voir le style réaliste de Flaubert quand il décrit la scène de la mort d’Emma. Il photographie la mort telle qu’elle est avec des paroles courtes qui manquent de sentiments ou d’imagination. Il décrit l’agonie d’Emma en détail, ce qui nous donne

l’impression de la souffrance : « Il fallut soulever un peu la tête, et alors un flot de liquides noirs sortit, comme un vomissement, de sa bouche.» (p.426). C’est un style descriptif et réaliste qui nous dit que la réalité n’est pas toujours belle. A travers ces descriptions qui expriment la souffrance et la déception dans la vie d’Emma, on voit également que c’est le point de vue de Flaubert sur sa société : « A cette époque, Flaubert affiche des opinions tranchées contre la bêtise de son époque, refuse d’être de son temps. Emma, en quelque sorte, c’est lui. »29. Et dans une lettre à Maxime du Camp que Flaubert a écrit, il exprime très clairement son dégoût contre sa société dès sa jeunesse:

28 AZOULAI, Juliette. « Le savoir médical dans la scène des abricots », Madame Bovary et les savoirs, REY

Pierre-Louis. SEGINGER, Gisèle (éds.), Presses Sorbonne nouvelle, Paris, 2009, p. 231.

29

HERMINE, Micheline, Destins de femmes, désir d’absolu, essai sur Madame Bovary et Thérèse de Lisieux. BEAUCHESNE, Paris, 1997, p. 188.

(16)

16 « J’ai eu, tout jeune, un pressentiment complet de la vie. C’était comme une odeur de cuisine nauséabonde qui s’échappe par un soupirail. On n’a pas besoin d’en avoir mangé pour savoir qu’elle est à faire vomir. » 30

Dans les passages suivants, je ferai une analyse plus détaillée des traits réalistes dans Madame

Bovary en analysant le personnage d’Emma qui, selon l’idée de Flaubert, représente les femmes

au XIXe siècle.

4.2 Le personnage d’Emma

Emma est une femme rêveuse et romantique qui désire une vie parfaite et remplie d’amour comme celle dans ses lectures romanesques. Après le mariage, elle ne trouve pas la vie

passionnante qu’elle attend quand elle s’intègre dans la réalité. Au contraire, elle est devenue malheureuse et à la fin, elle était désespérée et ruinée. Je vais donc commencer par analyser les traits romantiques, c'est-à-dire les rêves et la passion que l’héroïne espère réaliser dans sa vie réelle et puis faire une analyse de ce qu’elle a trouvé comme déception en parlant de son ennui, son insatisfaction et sa fuite de sa vie conjugale et son destin qu’elle juge misérable. Je réponds finalement à la question que j’ai posée dans l’introduction du mémoire pour savoir si Emma est une victime dans la société ou non ?

4.2.1 Le rêve et la passion

Emma Rouault était fascinée par la littérature et les histoires d’amour dès son adolescence. Cela a nourri sa passion et son envie de vivre ce genre d’amour : « Emma cherchait à savoir ce que l’on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d’ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres. » (p.84). Elle a lu de longs chapitres qui parlaient

« d’amours, amants, amantes […] » et elle « s’éprit de choses historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. » (p.87). Elle rêvait donc de cette vie riche et de ce temps splendide qu’elle aurait voulu vivre dans le passé.

30

NINANE DE MARTINOIR, Francine, « Maupassant et le pessimisme ‘fin de siècle’ », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie, Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999. P. 169.

(17)

17 En parlant des choses historiques et du passé dans le roman, Flaubert montre son ironie envers le romantisme. Il parle de «chansons galantes du siècle passé » et dit qu’« Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture » (87). Flaubert considère ces romans comme vieux parce qu’ils racontent des moments ou des choses irréels dans le passé. Dans le siècle romantique, on voit que les choses et les personnages sont décrits d’une façon qu’on comprenne que le monde est parfait: « Messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux […] et qui pleurent comme des urnes». A travers cet exemple, Flaubert explique l’idée du romantisme représentée, par exemple, par le stéréotype idéal l’homme, un homme qui a du courage, doux et sensible. Mais dans la réalité, la perfection n’existe peut-être pas. Ces romans donnent donc un imaginaire et un sentiment idéal où elle a cru qu’il y aura de l’amour, un amant et le prince charmant. Mais à cause de son éducation au couvent, elle ne découvre la vérité qu’après le mariage. Flaubert expose donc ici la raison principale qui provoque l’avenir malheureux d’Emma.

4.2.2. La déception et la fuite

La vie conjugale n’était pas comme Emma l’imaginait. Dès le début de son mariage, elle était déçue de son mari, Charles Bovary, qui n’a jamais compris ses sentiments et sa passion. Leurs pensées sur la vie étaient différentes et ils ne partageaient aucune intérêt commun : « La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, […] sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie. […] il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation qu’elle avait

rencontré dans un roman » (p.92). Charles n’était pas l’homme de ses rêves parce qu’il manque de romantisme et d’imagination. Dans la phrase où Charles est comparé au trottoir de rue, on comprend que cela est une représentation de l’ennui et de la déception qui va tuer Emma. C’est pourquoi elle est facilement déçue: « Pourquoi, mon Dieux ! me suis-je mariée ? » (p.96). Une vie sans amour et sans action est une vie vide pour Emma Bovary. Bientôt, tout ce qui l’entourait l’a ennuyé, les gens comme la campagne où elle vivait : « sa vie était froide comme un grenier dont la lucarne est au nord, et l’ennui, araignée silencieuse, filait sa toile dans

(18)

18 l’ombre à tous les coins de son cœur. » (p.96). La comparaison et la métaphore ici expriment l’intériorité froide et ennuyeuse d’Emma. Barbara Vinken et Peter Fröhlicher, les auteurs de Le

Flaubert réel 31expliquent que selon Flaubert, la fatalité est représentée par une araignée. L’ennui était donc la fatalité d’Emma. C’est la vie à Paris dont Emma rêve, où tout est passionnant: « Paris, plus vague que l’Océan, miroitait donc aux yeux d’Emma dans une atmosphère vermeille. » (p.112). Elle connaît par cœur le plan de Paris et invente tous les détails concernant la bonne société. En revanche, elle ne pouvait pas trouver cette élégance à Tostes ou à Yonville et cela l’a influencée négativement. Pour Emma la province est un non-lieu où une femme ne peut pas vivre.32 Elle fuit donc à travers ses rêves : « Emma rêve de Paris pour échapper aux affres de la femme de province […] »33.

Elle se trouve dans « une infinie tristesse [qui] l’envahit »34 tous les jours et cela l’a rendu malade et troublée. Elle avait besoin d’un changement et Charles pensait que le

déménagement allait l’aider : « C’était une maladie nerveuse : on devait la changer d’air » (p.122) mais même après le déménagement, son ennui reste : « son cœur de nouveau resta vide, et alors la série des mêmes journées recommença. » (p.117). Puisqu’elle ne peut pas vivre dans sa vie présente, elle cherche l’idéal en tombant amoureuse de Léon, son premier amant. Elle espérait rencontrer quelqu’un qui complétait ses sentiments et ses désirs pour être satisfaite. Elle fuit donc de son ennui en prenant le chemin de l’adultère. Après Léon, elle rencontre Rodolphe, son deuxième amant. Elle était très heureuse d’avoir un homme

romantique qui parle de l’amour et qui comprend ses sentiments : « Rodolphe, avec madame Bovary, causait rêves, pressentiments, magnétisme » (p.216). Après qu’elle tombe amoureuse de Rodolphe, elle trouve maintenant que Charles est insupportable et désagréable. L’adultère pour elle est une chose qui lui permet de pratiquer ou de voir ses rêves et le bonheur dans sa vie.

31

VINKEN, Barbara. FRÖHLICHER, Peter. Le Flaubert réel. Tubingen: Niemeyer, 2009, p.55.

32 HERMINE, Micheline, Destins de femmes, désir d’absolu, essai sur Madame Bovary et Thérèse de Lisieux.

BEAUCHESNE, Paris, 1997, p.187.

33

Ibid. p. 182.

34

(19)

19 Mais après que ses amants l’abandonnent et qu’elle fait face aux problèmes économiques dans sa vie, elle redevient malheureuse et insatisfaite de sa situation. Sa vie réelle ne l’intéresse pas et elle ne veut plus vivre.

Le fait qu’elle est insatisfaite et déçue et qu’elle ne peut pas être comme elle souhaite, c’est ce qu’on nomme ‘’ le bovarysme’’. Emma se révolte contre la condition de femme et les devoir que la nature lui impose comme la maternité par exemple. Flaubert exprime dans Madame

Bovary le destin imposé à certaines femmes auquel elles ne peuvent pas échapper : « Madame Bovary exprime une autre vérité subversive : le sentiment maternel n’est pas ‘’naturel’’. »35. Dans le cas d’Emma, elle n’avait aucun sentiment envers son enfant quand elle était enceinte. Dans l’article de Hamza Kuzucu « Deux conceptions de maternité : Madame de Renal et Madame Boravy », il renforce qu’Emma souhaitait avoir un fils, un mâle et non une fille pour qu’il soit « un moyen de se venger de la société »36. L’impuissance qu’Emma a sentie dans sa société la conduit à détester son devoir naturel et à refuser son enfant.

4.2.3 Emma, une victime ?

Comme la société ne donne pas aux femmes leurs droits et limite leur éducation pour les préparer à être épouse et mère, elles deviennent des victimes.

Flaubert critique bien ce fait dans son roman en représentant les femmes de son époque dans le personnage Emma. Elle est une victime parce qu’elle était ignorée par la société et parce qu’elle ne savait pas comment faire face à la réalité dure. Son éducation limitée la rend malheureuse. Ses rêves n’étaient pas réalisés après le mariage. Il est donc évident qu’elle devient une victime parce qu’elle a des pensées romantiques qui ne correspondent à rien dans la réalité, une victime sur un plan social et familial : « Emma est partie de rien […] toute son éducation s’est faite au couvent, à travers les bavardages des bonnes sœurs et quelques

35 HERMINE, Micheline, Destins de femmes, désir d’absolu, essai sur Madame Bovary et Thérèse de Lisieux.

BEAUCHESNE, Paris, 1997, p. 180.

36

KUZUCU, Hamza, « Deux conceptions de maternité : Madame de Renal et Madame Bovary », Hacettepe University, Vol. 17, Issue : 1, Ankara, Turquie, 2000, p. 151-159.

(20)

20 romans de cabinets de lecture ; elle ne sait rien, n’a rien dans la tête. »37. Selon André

Fermigier, le plan familial a ordonné des principes pour protéger la fille. Ces principes, comme je l’ai aussi montré dans les passages précédents, qui consistent à avoir une éducation limitée et à les enfermer dans un couvent auraient créés une femme impuissante et ignorée : « Des principes aussi innocents ne peuvent avoir que des résultats catastrophiques et ils laisseront la jeune fille totalement désarmée devant la dure réalité de l’existence […] »38.

Pour résumer brièvement cette partie, Flaubert, qui écrit avec un style réaliste, a concentré sur le sujet de la condition féminine. A travers son roman qui parle de la femme insatisfaite, on comprend le point de vue de l’auteur concernant la situation de sa société au XIXe siècle. Flaubert n’était pas le seul qui a montré la vérité à travers son personnage Emma, Maupassant (ce qu’on va voir à la partie suivante) a également parlé du même sujet dans son roman Une

Vie.

37

Fermigier, Préface d’Une Vie de Guy de Mauppassant, Edition Gallimard, 1974. p.10.

38

(21)

21

5. Maupassant et Une Vie

Guy de Maupassant est né en 1850. Il a fait ses études de droits à Paris pendant la guerre de 1870. Sa famille s’intéressait à la littérature et fréquentait des écrivains, cela a donné à Maupassant la chance de rencontrer Flaubert et de devenir son ami. Il admirait les écrits de Flaubert et cela l’a poussé à écrire des romans comme Une Vie en 1882, Bel Ami en 1885 et

Pierre et Jean en 1888.39

Maupassant est connu pour son pessimisme et sa vision noire de la vie. Valéry dit : « Voir clair, c’est voir noir »40. La raison importante derrière cette vision pessimiste est qu’il était influencé par les écrivains réalistes comme bien entendu Flaubert. On peut remarquer le ton tragique et désespéré dans ses œuvres parce qu’il ne trouve pas que la vie est digne d’être vue: « tout se répète sans cesse et lamentablement ». Maupassant apprend à écrire de façon réaliste grâce à l’apprentissage et l’influence de son maître Flaubert.41 Dans l’étude intitulée « Le roman » dans

Pierre et Jean, Maupassant affirme sa position sur le réalisme, il dit: « Le réaliste, s’il est un

artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même »42. Il ne s’agit donc pas de décrire la vérité telle qu’elle est mais d’avoir également la vision d’un artiste pour produire un texte qui représente la situation de la société.

Dans son premier roman Une Vie, Maupassant raconte la désillusion et l’ennui de la vie d’une femme, Jeanne. Il représente à travers cette histoire la situation des femmes à l’époque du XIXe siècle et leurs conditions difficiles. On pourrait comprendre, par le titre de roman, qu’il voulait peut-être représenter la vie typique de l’être humain qui est « une aventure presque banale », une vie « marquée de quelques joies et de beaucoup de tristesse »43. Le roman a reçu un succès

39

Article Larousse, Guy de Maupassant, http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Maupassant/132339#

(2012-05-04)

40

Ibid.

41

BIYIDI, Odile, « Pessimisme et style », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie. Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999. p. 230.

42

Guy de Maupassant, « Le roman », Pierre et Jean, Classiques Hachette, Paris, 1998, p.15.

43

BONERANDI, Joseph, « La vie, voyez vous… », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie. Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999. p. 210.

(22)

22 considérable (25 000 exemplaires ont été vendus), Flaubert a estimé que le roman est « une vraie idée »44. Il voulait peut-être dire que l’idée réaliste du roman explique ce succès.

Une Vie raconte l’histoire de Jeanne, une jeune femme, rêveuse et romantique qui, comme

Emma, reçoit son éducation au couvent. Elle vit une vie heureuse et joyeuse et, comme toutes les jeunes filles, elle rêve de trouver l’amour en se mariant avec le prince charmant. Après son mariage avec un vicomte, Julien, ses espoirs d’avoir une vie heureuse ont changés. Elle se trouve seule dans le vide parce qu’elle n’a rien à faire, elle s’ennuie parce que sa vie manque d’amour. Après le mariage, elle découvre que son mari n’a pas la même personnalité

charmante qu’elle souhaitait. Il est un homme avare, irascible et infidèle. Déçue par le mariage, elle met au monde son fils, Paul, auquel elle donne tout son amour. Comme le temps passe, les parents de Jeanne sont morts et Paul a grandi et a laissé la maison pour suivre ses études. Jeanne se retrouve dans la solitude, sa vie est triste et il n’y a que peu de joie. A la fin, la joie rentre dans sa vie quand Jeanne va prendre soin de la fille de Paul.

5.1. Le personnage de Jeanne

Jeanne est une jeune femme innocente et romantique qui découvre que ses rêves et ses espérances de trouver l’amour et le bonheur ne correspondent pas à la réalité. En analysant la vie de Jeanne, je montrerai les rêves et la passion qu’elle souhaite dans sa vie, puis j’analyserai sa déception et comment cela l’a influencée. Je discuterai finalement la question que j’ai exposée dans l’introduction du mémoire, c’est si Jeanne, selon Maupassant, est une victime d’un plan que sa société a ordonné.

5.1.1 Le rêve et la passion

Un personnage romantique comme Jeanne a bien entendu des rêves sur son avenir, d’avoir une famille heureuse et de vivre dans un milieu familial et près de la nature :

44

LE ROUX, Benoit : « Guy de Maupassant », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie. Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999. p. 101.

(23)

23 Avec lui, elle vivrait ici, dans ce calme château qui dominait la mer. Elle aurait sans doute deux enfants, un fils pour lui, une fille pour elle. Et elle les voyait courant sur l’herbe entre le platane et le tilleul, tandis que le père et la mère les suivraient d’un œil ravi, en échangeant par-dessus leurs têtes des regards pleins de passion. (Une Vie p.40).

C’est un paragraphe passionné qui montre clairement le regard positif et rêveur de Jeanne qui sort du couvent et attend à entrer dans une vie pleine de joies. Il présente également son amour pour la nature, elle se promène souvent pour sentir la liberté et apprécier la vie surtout après son départ du couvent où elle était enfermée. En plongeant dans ses rêves, elle imagine l’homme qu’elle rencontrerait et qu’elle aimerait : « Jeanne se sentait devenir folle de bonheur. Une joie délirante […] » (p.41)

Elle rencontre finalement l’homme de ses rêves, Julien. Elle était très heureuse et n’attendait pas un destin malheureux avec lui. De nombreuses descriptions dans les premiers chapitres du roman traduisent l’état heureux de Jeanne dans sa vie actuelle: « Ils (Jeanne et Julien) se sentaient heureux l’un près de l’autre, peut-être parce qu’ils pensaient l’un à l’autre. » (p.57). Par ailleurs, Julien sait ce qui peut séduire Jeanne, il utilise des mots qui correspondent au goût reveux chez Jeanne et qui assurent sa naïveté: « Julien, utilisant les arguments de séduction les plus éculés […]. Ce qui est goût profond chez la jeune fille, n’est que jeu de langage pour Julien habitué à en user auprès des femmes. »45

Dès le jour du mariage et la nuit de noces, Jeanne découvre que la réalité n’est pas la même et que la joie qu’elle avait, se transforme en inquiétude et désillusion : « Alors elle songea ; elle se dit, désespérée jusqu’au fond de son âme, dans la désillusion d’une ivresse rêvée si différente, d’une chère attente détruite […] ‘Voilà donc ce qu’il appelle être sa femme ; c’est cela ! c’est cela !’ » (p.86). La joie dans sa vie est fini et la désillusion l’attend à la porte de la réalité d’où elle entre dans une vie triste et froide.

45

DELESALLE, Simone, « ‘Une Vie’, roman de la fatalité », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie. Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999. p.140.

(24)

24 5.1.2 La déception et la fuite

La mort des illusions de Jeanne arrive après le mariage. La vie conjugale l’inquiète et la rend triste, elle a peur. Elle ne sait pas ce qui va se passer au cours de la nuit de noces à cause de son éducation au couvent. Le rôle de la famille est très important pour expliquer à la jeune fille la relation entre le mari et l’épouse mais selon la norme sociale et familiale, ce n’était pas possible. Jeanne s’est donc trouvée dans une situation choquante, l’homme qu’elle adorait pendant les fiançailles est devenu un homme totalement différent. Il est maintenant le maître de Jeanne et elle doit se soumettre à lui et faire ce qu’il désire : « Quel que soit son âge, la femme reste une inférieure soumise aux hommes, ses maîtres. »46.

Quelques temps après, Jeanne découvre l’infidélité de son mari avec sa servante, Rosalie, qui donne vie à un fils, qui est le fils de Julien. Elle rencontre d’autres souffrances pendant ce temps-là comme l’accouchement difficile de son fils, Paul, et la mort de sa mère. Elle n’apprécie plus sa vie qui est dénuée de sens.

Maupassant présente la résignation et la soumission de la femme insatisfaite de son siècle en décrivant le comportement et la douleur de Jeanne après qu’elle découvre l’infidélité de Julien: « Elle ne répondait point, broyée, endolorie, épuisée maintenant, sans force même pour la colère et la rancune. Ses nerfs lui semblaient lâchés, coupés doucement, elle ne vivait plus qu’à peine. » (147-148). Fermigier explique également ce que Maupassant pense du mariage, une « institution aberrante »47, surtout pour les femmes qui attendent de trouver l’amour. Maupassant nous montre donc son pessimisme et ce qu’il voit dans la vie :

46 LIEBER, Catherine. « La condition de la femme dans ‘Une Vie’ ». Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant

Une Vie. Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999, p. 290.

- La phrase dans la citation est soulignée dans l’original.

47

(25)

25 Le mariage qui est le contraire de l’amour, lequel d’ailleurs n’existe pas. Tout cela

encore très flaubertien, un cran au-dessous dans le pessimisme, le sentiment que la vie est une défaite, que la vie, l’adolescence passée, est une chose qui ne peut que défaire […]. 48

Maupassant pense alors que la femme ne trouve pas le bonheur dans le mariage et que le mari va l’ignorer. A cause de cette ignorance, on remarque l’échec du mariage : « l’immense

majorité des mariages que nous présente Maupassant tournent mal, et les époux ne sont pas heureux. »49.

Influencé par Flaubert, Maupassant montre sa conception pessimiste de la vie et du monde en décrivant la nature de son personnage Jeanne et sa peine de vivre. Dans ce cas, sa vie

ressemble à celle d’Emma. Il montre donc le bovarysme de Jeanne : « La jeune fille, au débout du roman, ne tourne ses pensées que vers l’invisible et l’absence ; c’est là son ‘bovarysme’ qui constitue l’élément fondamental de son caractère, cette incapacité de voir le présent et de s’y arrêter. »50

Contrairement à Emma Bovary, Jeanne n’a pas choisi l’adultère pour fuir le présent, un chemin que, peut-être, certaines femmes à l’époque trouvent facile parce qu’elles vivent un mariage malheureux. Mais Jeanne reste fidèle. La raison de sa fidélité est peut-être son éducation au couvent et « l’atmosphère de ses bons parents » comme l’explique Gaudefroy-Demombynes dans sa thèse de doctorat La femme dans L’œuvre de Maupassant (39).

Gaudefroy-Demombynes croit également que la fidélité de Jeanne vient par le « dégoût qu’[elle] n’a jamais eu l’intention de prendre un amant : dégoût de voir autour d’elle la perfidie et l’infidélité chez sa meilleure amie qui lui prend son mari, chez sa mère elle-même, dont elle découvre des lettres compromettantes après sa mort. »51

48

Fermigier, Préface d’Une Vie de Guy de Mauppassant, Edition Gallimard, 1974. p. 9.

49 GAUDEFROY-DEMOMBYNES, Lorraine, La femme dans l’œuvre de Maupassant, Paris, 1943, p. 38. 50

ZEISLER, Marie-Claude, « Approches du pessimisme dans Une Vie », Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie. Ouvrage collectif, Ellipses, Paris, 1999, p.272.

51

(26)

26 A la fin Jeanne, une vieille femme, plonge dans ses souvenirs heureux et dans son passé en prenant soin de la fille de son fils que Jeanne considère la fuite de sa tristesse.

5.1.3 Jeanne, une victime ?

Jeanne espère le bonheur dans sa vie mais elle n’y trouve que la misère et la solitude. Elle a une vie pleine de souffrances et de déceptions. Elle rêve de l’avenir et se souvient du passé tout en évitant et refusant le présent : « Et parfois encore elle oubliait un moment qu’elle était vieille […] elle bâtissait, comme jadis, à seize ans, des projets doux à son cœur ; elle combinait des bouts d’avenir charmants. » (p.272). Mais quelles sont les raisons qui peuvent conduire à cette misère dans la vie d’une femme, comme Jeanne ? Et est-ce qu’on peut la considérer, par ces raisons, comme une victime ?

Tout a commencé avec l’éducation de Jeanne au couvent qui la préparait à être malheureuse. Ce qu’elle espérait comme amour et plaisir a été perdu après le mariage, c’était le destin malheureux que, aux yeux de Maupassant, les épouses éprouvent. Jeanne est déçue par rapport aux rêves romantiques de son adolescence, elle a aujourd'hui une vision pessimiste de la vie : « ‘’C’est fini, tout ça’’ ; et une larme tombait sur ses doigts qui poussaient l’aiguille » (p.125). L’ennui et le manque d’amour et de sentiments étaient suffisants pour tuer l’âme de Jeanne :

Alors, elle ne sortit plus, elle ne remua plus. Elle se levait chaque matin à la même heure, regardait le temps par sa fenêtre, puis descendait s’asseoir devant le feu dans la salle. Elle restait là des jours entiers, immobile, les yeux plantés sur la flamme, laissant aller à l’aventure ses lamentables pensées et suivant le triste défilé de ses misères. (p.267)

En lisant ce paragraphe, on sent comment elle manque de volonté pour continuer à vivre. Sa vie devient complètement vide, sans actions, sans passion et sans amour. On en déduit que Jeanne était une victime de son éducation, de son milieu, de sa société et de son époque. La femme victime est le sujet principal que Maupassant traite dans Une Vie. Selon Fermigier :

(27)

27 « [Maupassant] analyse […] la condition morale, conjugale, sexuelle même de la femme dans une société où celle-ci ne peut être qu’esclave, objet passif et passager de désir ».52

En lisant le roman d’Une Vie, on remarque le style réaliste de Maupassant quand il décrit des scènes brutales comme par exemple la nuit de noces. La scène nous délivre un réalisme dur qui montre aussi la naïveté de Jeanne. L’auteur révèle également son pessimisme par la description de l’accouchement douloureux de Jeanne et la description minutieuse de l’accouchement de Rosalie : « il [Julien] releva d’un seul coup les vêtements de la fillette et découvrit un affreux petit morceau de chair, plissé, geignant, crispé et tout gluant, qui s’agitait entre deux jambes nues. » (p.127). L’accouchement peut être le symbole de l’espoir d’avoir après une vie

heureuse. Mais dans le passage cité ci-dessus, on a l’impression que l’auteur décrit seulement, aux yeux de Julien, le côté douloureux sans penser que ce morceau de chair est un être humain, un petit enfant, qui peut symboliser la joie.

Par ce récit tragique, Maupassant annonce que la vie n’est pas toujours belle et que la condition féminine reste un problème dans la société du XIXe siècle : « Alors, d’une voix

résignée, elle [Jeanne] dit : ‘’ ça n’est pas toujours gai, la vie.’’ » (p.123). Jeanne se sent gagnée par le pessimisme, on peut dire donc qu’elle est le porte-parole de Maupassant.

6. Une analyse comparative

Pour avoir une réponse complète à la question concernant la condition féminine et si la femme est une victime du point de vue des deux auteurs, je ferai une comparaison entre Madame

Bovary et Une vie et non seulement l’analyse individuelle de la condition de la femme de

chaque roman.

La raison qui me conduit à faire cette comparaison est que tous les deux romans ont une vision pessimiste de la société et spécialement de la femme. Même si le destin et les pensées des deux héroïnes n’étaient pas exactement les mêmes, les deux romans exposent le chagrin d’une femme insatisfaite et déçue de sa vie. Emma et Jeanne sont deux personnages romantiques qui

52

(28)

28 ont reçu une éducation religieuse et limitée au couvent. La personnalité romantique et le rêve de trouver le prince charmant leur donnent une image parfaite de la vie, une image pleine de bonheur et de passion.

Mais après le mariage, elles découvrent que la vie conjugale n’est pas comme dans leurs pensées. Tous deux sont maintenant déçues et malheureuses. Emma de sa part, elle voulait un homme qui la comprend mais elle ne le trouve pas chez Charles. Jeanne, pour sa part, rêvait d’un mariage et d’un homme qui vont lui donner le bonheur, mais tout ce qu’elle espérait a disparu quand elle a découvert la vérité de son mari, Julien. Alors toutes les deux éprouvaient une vie froide dont le résultat est l’échec du mariage.

L’incompréhension de Charles conduit Emma vers le chemin de l’adultère pour fuir sa déception et oublier son destin. Quant à Jeanne, elle se trouve dans une situation différente, c’est son mari qui est infidèle et brutalement méchant. Elle se résigne à cette situation et perd le désir de vivre. Elle ne se révolte pas comme Emma pour réaliser ses rêves, elle reste faible en se rappelant son passé et en acceptant son destin malheureux et triste.

Comme l’on voit, les deux personnages ne se ressemblent pas en ce qui concerne leur façon de penser et leur réaction. Mais à la fin, elles éprouvent de l’insatisfaction et rencontrent un échec dans leur vie conjugale. On peut dire que toutes les deux ont vécu ce qu’on appelle le

bovarysme, c’est-à-dire qu’elles ne pouvaient pas accepter leur présent et restaient dans leurs rêves en espérant avoir une meilleure vie, une vie qui les rend satisfaites et heureuses.

En faisant la comparaison, on peut dire que selon Flaubert et Maupassant, les deux héroïnes représentent leurs idées pessimistes concernant la norme sociale et familiale sur la situation de la femme. Maupassant éclaire cette idée : « Pauvre Jeanne ! Pauvre Emma ! Pauvres femmes ! Quoique, après tout, si elles étaient un peu moins bêtes, elles seraient peut-être un peu moins malheureuses »53. Maupassant explique ici que la société devrait donner la chance à la femme d’être plus éduquée pour qu’elle puisse choisir le bon chemin pour sa vie.

53

(29)

29 7. La conclusion

Dans ce mémoire, j’ai essayé de donner une image plus claire de la deuxième moitié du XIXe siècle dans laquelle le réalisme dominait. Pour cela, j’ai concentré sur l’image réaliste de Flaubert et Maupassant sur la condition de la femme à cette époque en analysant deux œuvres ; Madame Bovary et Une vie. Les deux écrivains sont deux auteurs réalistes qui

décrivent la réalité en détail pour présenter leurs idées. Leurs œuvres représentent la vie de la femme déçue et insatisfaite en parlant de son éducation, ses rêves et puis sa déception de la vie. A travers cette exactitude dans la description et l’inspiration par l’esthétique scientifique, on peut voir que la vie, selon les deux auteurs, n’est pas belle. C’est donc la réalité dont ils parlent. J’ai essayé d’enrichir cette partie réaliste de Flaubert et de Maupassant en parlant aussi de la partie historique des femmes dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Selon le point de vue de Yannick Ripa, les femmes ont vécu dans une société patriarcale où elles sont traitées comme des êtres inférieurs. La femme doit respecter l’ordre naturel en étant une épouse qui s’occupe de ses enfants et de sa maison. La société est donc basée sur l’inégalité entre l’homme et la femme. Cela m’a permis de répondre aux questions posées dans l’introduction où j’ai voulu savoir si la femme du XIXe siècle était une victime ou non.

Après avoir fait l’analyse de leur vie et puis l’analyse comparative, je peux dire qu’Emma et Jeanne sont victimes à cause de leur éducation et leurs rêves qui les ont enfermées dans une société où elles sont coupées de la réalité. En faisant face à la réalité, elles apprennent l’erreur de leur vie après qu’elles tombent dans le mariage qui les mène dans une misère. La tristesse et le désespoir d’Emma et de Jeanne est, selon Flaubert et Maupassant, semblable à la situation de la femme au XIXe siècle. Fermigier écrit : « Et voilà la condition de la femme à l’époque de Maupassant : rien à faire, l’inexistence absolue […] et le malheur »54. Cela répond à l’objectif de ce mémoire que j’ai voulu montrer à travers Emma et Jeanne. Les femmes sont donc victimes de cette société patriarcale qui menace la liberté de la femme et son droit à connaître la réalité. Elle doit accepter ce que la société lui impose comme rôle. Ce n’est pas facile de se soumettre aux lois qui limite notre liberté et qui ordonne comment nous devrons vivre la vie.

54

(30)

30 Comme résultat, on trouve que le pessimisme dans les écrits des deux grands écrivains,

Flaubert et Maupassant, a très bien montré la douleur et la réalité dans leur société. Leurs œuvres nous donnent une compréhension de la situation de la femme déçue à travers les personnages, ils sont le miroir de la réalité, l’art qui peint cette réalité de leur époque.

(31)

31 Bibliographie

FLAUBERT Gustave, Madame Bovary, Edition de Thierry Laget, Gallimard, 2009. MAUPASSANT Guy de, Une Vie, Editions Gallimard, 1974.

Analyses et réflexions sur Guy de Maupassant Une Vie, Ouvrage collectif, Ellipses,

édition marketing S.A., Paris, 1999. Article Larousse, Guy de Maupassant.

AZOULAI, Juliette. « Le savoir médical dans la scène des abricots », Madame Bovary et les

savoirs, REY Pierre-Louis. SEGINGER, Gisèle (éds.), Presses Sorbonne nouvelle, Paris, 2009.

Becker, Colette. Lire le Réalisme et le Naturalisme. Paris, DUNOD, 1992.

Brix, Michel. Pour un réexamen des cadres de l’histoire littéraire du XIXe siècle : l’opposition

romantisme/réalisme. SFr, Vol.45, 2001.

CONSTANS, Ellen. « Victime et martyre ! Héroïne ? La Figure Féminine dans le roman de la victime (1875-1914) », Université de Limoges, 2003.

DESHUSSES, Pierre, KARLSON, Léon, La littérature française au fil des siècles (XIXe et XXe

siècles), Paris, Bordas 1996.

Fermigier, Préface d’Une Vie de Guy de Mauppassant, Edition Gallimard, 1974. GAUDEFROY-DEMOMBYNES Lorraine, La femme dans l’œuvre de Maupassant, Paris, 1943.

Gustave Flaubert, CORRESPONDANCE: ANNEE 1854. Ed. Danielle Girard et Yvan Leclerc, Rouen, 2003.

Gustave Flaubert, Madame Bovary, Oxford world’s classics. Gustave Flaubert, Larousse.

(32)

32 Harvey, Paul, The Oxford companion to French literature, London: Oxford University Press, 1959.

Heath, Stephen. Gustave Flaubert, Madame Bovary, Cambridge, New York: Cambridge University Press, 1992.

HERMINE, Micheline, Destins de femmes, désir d’absolu, essai sur Madame Bovary et

Thérèse de Lisieux. BEAUCHESNE, 1997, Paris.

KUZUCU, Hamza, « Deux conceptions de maternité : Madame de Renal et Madame Bovary », Hacettepe University, Vol. 17, Issue : 1, Ankara, Turquie, 2000.

Le réalisme, larousse.

RIPA, Yannick, les femmes, actrices de l’Histoire (France, 1789-1945), SEDES, 1999. VINKEN, Barbara. FRÖHLICHER, Peter. Le Flaubert réel. Tubingen: Niemeyer, 2009.

References

Related documents

Ci-dessous nous présenterons les réponses des enseignants sous les thèmes suivants : la mesure dans laquelle ils utilisent la chanson et de quel type de document il s’agit, les

Comme l’évoque Cappella (2017), si les pensées du personnage sont représentées au style indirect libre, cela nous place d’une manière directe dans la tête

Joséphin Péladan est probablement celui qui, parmi les écrivains français, revient à la figure de l’androgyne plus souvent que ses contemporains, figure

Toujours en s’appuyant sur l’étude de Caël (2017) et plus précisément les méthodes employées, nous avons voulu les reproduire et les ajouter à notre recherche, mais aussi

Par contre, dans un contexte comme celui de l'exemple (5), le compliment sert à adoucir un FTA, relevant alors d'une politesse négative. En ce qui concerne les réponses

Les situations finales des deux histoires sont les parties les plus contrastées. Dans leurs dernières scènes, Françoise et Monique se retrouvent chacune de son côté seule chez elle,

(Extrait du livre: http://www.orbilat.com/Influences_of_Romance/English/RIFL-English- French-The_Domination_of_French.html) 81. The Norman Conquest .1.) Bien sûr, il s’agit de la

lui inspirent rien parce qu’elle ne s’y reconnait pas (p. 26) et dans un inventaire d’objets hétéroclites qui n’est rattaché à rien de personnel. Sans doute faut-il y voir de