• No results found

« Il n’y a rien de plus contagieux que la psychologie » Les familles troublées dans La vie devant soi

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Share "« Il n’y a rien de plus contagieux que la psychologie » Les familles troublées dans La vie devant soi"

Copied!
26
0
0

Loading.... (view fulltext now)

Full text

(1)

« Il n’y a rien de plus contagieux que la psychologie »

Les familles troublées dans La vie devant soi et L’Amant

Malin Bohman

Examensarbete för kandidatexamen, 15 hp Franska C, allmän inriktning

VT 2020

(2)

Abstract

Two French novels, La vie devant soi by Romain Gary and L’Amant by Marguerite Duras, are used to examine how mental illness in the parent, in this case the mother figures, influences the development of the children, Momo and “je.” As its points of departure, this paper employs attachment theory, developed by Bowlby and Ainsworth et al., as well as family systems theory by Murray Bowen and Michael Kerr. The impact of the mother figures’ behavior toward their children is analyzed based on three factors: the parent-child relationship, the child’s desire for closeness with the parent, and the child’s desire to distance him/herself from the parent. A comparison is made between La vie devant soi and L’Amant to identify the differences and similarities in how the mother figures’ conduct influence Momo and “je.”

Mots clés: la théorie d’attachement, les systèmes de famille, l’identité, les parents troublés dans la littérature française

(3)

Table de matières

Introduction ... 4

But ... 5

Sélection de récits : La vie devant soi et L’Amant ... 5

Cadre théorique ... 6

La théorie d’attachement ... 7

La théorie des systèmes de famille ... 8

Méthode ... 9

Analyse ... 10

La relation parent-enfant ... 10

La vie devant soi ... 10

L’Amant ... 12

Comparaison ... 14

Le rapprochement ... 15

La vie devant soi ... 15

L’Amant ... 17

Comparaison ... 19

L’éloignement ... 20

La vie devant soi ... 20

L’Amant ... 21

Comparaison ... 22

Conclusion ... 23

Bibliographie ... 25

(4)

4

Introduction

« La réalité n’est qu’une version du monde qui a été filtré à travers le discipline de la critique littéraire » (Knapp 6). Le traitement des recherches en littérature comme une discipline scientifique est développé dans le XIXe siècle grâce à la psychanalyse

qui ne cesse de proclamer la préséance de la littérature et définit, au moins en partie, ses outils d’analyse en empruntant au champ de l’interprétation littéraire ... vise

indéniablement à une science de l'homme complète embrassant l'histoire, le mythe, la religion, la science et l’art.(Pennanech)

Il est donc peu étonnant que la plupart des recherches qui ont été fait du rapport entre la psychologie et la littérature focalise souvent la psychanalyse, comme a remarqué Schiff (1).

Dans sa dissertation Family Systems Theory as Literary Analysis : The Case of Philip Roth, Schiff emploie la théorie des systèmes de famille de Murray Bowen au lieu de la théorie de Freud pour montrer la vertu des autres disciplines psychologiques pour analyser des œuvres littéraires. John Knapp critique lui aussi la focalisation sur la tradition freudienne dans des études littéraires : « Du point de vue cognitif », écrit-il dans son livre Striking at the Joints,

« les signes, les attentes, et les connaissances précédentes » du lecteur vont reproduire les mêmes conclusions qu’il connaît déjà (19). Autrement dit, le lecteur voit ce qu’il attend à voir ; il est aveugle d’autres interprétations psychologiques du récit. Le présent mémoire se propose de contribuer à cet éloignement de la psychanalyse et d’inviter les recherches psychologie/littérature plus diverses.

Il est bien connu, remarque Morgane Vrai dans son article « L’attachement comme système motivationnel : J. Bowlby », que les relations initiales avec les parents, surtout la mère, forment la base de toutes les relations créées plus tard dans la vie (sec. 2). Donc, un environnement domestique qui favorise l’instabilité et la nervosité élève des individus instables et nerveux, ce qui est peu étonnant. Cette étude a pour objet d’examiner la relation entre des maisons brisées et le développement individuel de Momo et « je » dans deux romans français : La vie devant soi de Romain Gary et L’Amant de Marguerite Duras. La théorie d’attachement de Bowlby et Ainsworth et al. et « Family Systems Theory », désormais la théorie des systèmes de famille, de Murray Bowen sont employées pour étudier ce rapport. La théorie de Bowlby et Ainsworth et al. est utilisée pour examiner la relation parent-enfant et montrer l’importance du « mode d’attachement » pour le développement des enfants. La théorie de Bowen, qui focalise l’identité de la famille comme groupe aussi bien que l’identité

(5)

5

de l’individu à partir du contexte de famille, semble pertinente pour cette étude et a déjà été utilisée dans les analyses littéraires de Paula Marantz Cohen (The Daughter’s Dilemma), John Knapp (Striking at the Joints), Sarah Schiff (Family Systems Theory As Literary Analysis), et Brian Edwards (“The Inhibited Temperament in Sons and Lovers”). Une comparaison de La vie devant soi et L’Amant est faite pour illuminer la relation entre les structures de famille et le développement d’une identité individuelle des jeunes protagonistes dont les figures maternelles, une mère substitute pour Momo et la mère biologique pour la protagoniste de L’Amant, ont des maladies psychologiques. Plus précisement, ce mémoire tente de jeter la lumière sur la représentation des difficultés, telles qu’elles sont présentées dans les deux romans, qui se produisent dans le développement des enfants quand la tête de famille, ici la figure maternelle, souffre de troubles mentaux.

But

À partir de ces deux théories présentées ci-dessus, cette étude tente de comparer l’influence des parents troublés sur le développement de Momo et de la protagoniste dans L’Amant. Les deux adolescents suivent-ils le chemin troublé de leurs figures maternelles ? Le mémoire prend pour son point de départ les trois questions suivantes :

• Comment les jeunes protagonistes sont-ils été influencés par la relation qu’ils tiennent à leurs figures maternelles ?

• Comment les structures des familles de Momo et « je » influencent-t-elles le

comportement et le développement des protagonistes, à partir du rapprochement et de l’éloignement ?

• Quels sont les différences et similitudes comportementaux entre Momo et « je » ?

Sélection de récits : La vie devant soi et L’Amant

La vie devant soi est écrit par Romain Gary en 1975. Le livre suit Momo, orphelin et jeune adolescent, et sa vie à Paris. Il habite chez Madame Rosa, vieille dame juive qui est la

maîtresse d’une orphelinat et fonctionne comme la figure maternelle de Momo. Madame Rosa souffre de ses souvenirs traumatiques d’Auschwitz et quand elle devient de plus en plus âgée et commence à perdre la compréhension de la réalité, Momo commence à s’occuper d’elle, en

(6)

6

même temps qu’il se débat contre son avenir incertain. Il y a aussi Nadine, jeune femme qui s’intéresse à Momo et lui offre une vie chez elle, proposition que rejette Momo par

l’obligation et l’amour qu’il ressent pour Madame Rosa.

L’Amant, écrit par Marguerite Duras, publié en 1984, suit une jeune fille adolescente et son chemin envers l’indépendance et l’éloignement de sa famille. Il y a la mère labile qui souffre des épisodes de léthargie et de manie, le frère aîné tyrannique, le Chinois, et le frère cadet. La protagoniste, « je », aide la famille avec des finances en se prostituant, ce qui a pour conséquence qu’elle tombe dans une relation intime et scandaleuse avec le Chinois. Ensuite, pour fuire l’environnement oppressive de la famille et « cette violence de mon frère aîné, froid, insultante, [qui] accompagne tout ce qui nous arrive » (Duras 66), elle quitte l’Indochine, sa famille et son amant, et s’installe à Paris.

Ces deux romans ont été choisis pour un nombre de raisons. Premièrement, ils ont été écrits dans le même siècle et par deux auteurs célèbres. Deuxièmement, les livres tiennent tous les deux des aspects autobiographiques. Troisièmement, les deux figures maternelles souffrent de la problèmatique à laquelle on s’intéresse dans cette étude. Finalement, il y a des similitudes dans les deux protagonistes, Momo et « je », qui rendent intéressant une

comparaison entre les deux récits : Momo et « je » ont environ le même âge, ils habitent dans la pauvreté dans des familles qui vivent dans beaucoup de tension, aucun d’entre eux n’a une figure paternelle dans leurs vies, ils sont forcés de prendre beaucoup de responsabilité dans leurs familles et ils sont déchirés entre l’indépendance et la fuite, ainsi qu’entre leurs obligations (et leur amour) pour leurs figures maternelles.

Cadre théorique

Puisque l’objectif de cette étude est d’essayer de comprendre les conséquences pour Momo et

« je » liées aux maladies de leurs figures maternelles, il semble raisonnable d’utiliser les deux théories expliquées ici-dessous, la théorie d’attachement et la théorie des systèmes de famille, qui focalisent l’importance de la famille et les relations familières dans le développement des individus.

(7)

7 La théorie d’attachement

La théorie d’attachement est développée dans les années 1960 par le psychiatre et

psychologue John Bowlby, et actualisée dans des recherches de Mary Ainsworth et al. (Vrai, sec. 1). L’objectif de la théorie est de comprendre le développement émotionnel chez l’enfant jusqu’à l’âge adulte à partir de sa relation avec sa figure d’attachement (Granhag 73). Cette figure d’attachement « est choisie par l’enfant en fonction des réponses empathiques

apportées à ses besoins » et lorsque l’enfant a identifié cette « base sécurisante », il commence à explorer le monde qui l’entoure (Vrai, sec. 1). Normalement, c’est la mère qui occupe ce rôle d’une figure d’attachement, bien que cela ne soit pas forcément le cas. Les modèles comportementaux qu’apprend l’enfant de sa figure d’attachement vont former le cadre de toutes ses relations plus tard dans sa vie (Granhag 73). L’objectif de ces modèles

comportementaux est d’aider l’enfant à interpréter le comportement des autres pour qu’il fasse construire des modèles de prédiction de comportements futurs et organiser son comportement à lui-même à partir d’eux (Hooper 219). Sur cette base émotionnelle et des études empiriques, Ainsworth et al. ont identifié trois styles d’attachement : l’attachement sécure, l’attachement insécure ambivalent et l’attachement insécure évitant. Quelques années plus tard, un quatrième style a été présenté : l’attachement désorganisé. Dans la section intitulée « Les styles d’attachement » dans son article, Vrai (sec. 2) décrit les trois premiers de la façon suivante : L’attachement sécure est caractérisé par une figure d’attachement

« sensible[s] aux besoins de son enfant » et par un enfant autonome qui est sûr de soi et de la présence de sa figure d’attachement. L’attachement insécure ambivalent et l’attachement insécure évitant montrent tous les deux une relation parent-enfant où l’enfant ne peut pas compter sur sa figure d’attachement. La différence entre les deux est la réponse de l’enfant face à ce manque d’une base sécurisante : l’enfant ambivalent vacille « entre recherche de contact et de résistance » tandis que l’enfant évitant intériorise sa détresse et ignore sa figure d’attachement. Le quatrième style d’attachement, l’attachement désorganisé, est caractérisé par un manque de modèles comportementaux chez l’enfant et une relation paradoxale avec la figure d’attachement, qui est souvent une source aussi bien de sécurité que de peur (Granhag 80). Ce type d’attachement figure souvent chez des enfants qui ont été victimes de

maltraitance ou de violence (Vrai, sec. 2).

(8)

8 La théorie des systèmes de famille

Ce mémoire utilise deux sources de la théorie des systèmes de famille : Family Evaluation de Michael Kerr et Murray Bowen, écrit en 1988, et le site Web « The Bowen Center »,

développé par Kerr en 2000. La théorie des systèmes de famille est développée dans les années 1970 par le docteur Murray Bowen et cherche à expliquer la conduite humaine en déchiffrant les structures de famille et les interactions entre ses membres (Kerr et Bowen viii).

La théorie est composée par huit concepts qui rendent visible ces structures et leurs conséquences pour les individus dans la famille : les triangles, la différenciation de soi, le processus émotionnel des familles nucléaires, le processus de projection dans la famille, le processus de transmission multigénérationelle, la coupure émotionnelle, la position de frère et sœur, et le processus sociétal émotionnel. Il vaut la peine de garder à l’esprit que la

démarcation entre ces concepts est des fois assez vague et qu’ils se chevauchent souvent. En plus, bien que le site Web et Family Evaluation idéntifient les mêmes huit structures

comportementales présentées ci-dessus, le nombre exact des concepts se diffère. Par exemple, le processus de projection dans la famille est traité comme une catégorie « indépendante » dans le site Web, et comme une sous-catégorie du processus émotionnel des familles nucléaires dans le livre. Ce mémoire utilise Family Evaluation comme la source primaire, mais l’éclairissement des concepts qui suit vient du « The Bowen Center ».

Les triangles sont considérés comme les systèmes relationnels stables les plus petits.

Cette assertion est basée sur la préconception qu’un système entre deux personnes ne tient pas la capacité d’endurer de la tension avant de devenir instable. Les triangles sont composés par une dyade, c’est-à-dire une relation entre deux personnes, et une personne isolée, et montrent comment la tension dans la dyade pousse une des personnes à s’éloigner des autres ; par exemple, la mère focalise son enfant ou son travail au lieu du problème avec l’époux, et forme un nouveau triangle avec cette personne ou « activité », tandis que l’époux, qui est devenu la personne isolée, cherche à reprendre sa place dans la dyade.

La différenciation de soi (DS) focalise la dynamique entre l’identité individuelle et l’identité de famille, et l’importance du développement de ce premier.

Le processus émotionnel des familles nucléaires (PEFN) est composé par trois modèles comportementaux qui signalent où se développent des problèmes et de la tension dans la famille : le conflit conjugal, la défiance de l’époux ou l’épouse, et la défiance d’un ou

plusieurs enfants. Selon PEFN, la tension peut donc être identifiée entre les deux époux, dans un des deux, ou dans un ou plusieurs des enfants.

(9)

9

Le processus de projections dans la famille (PPF) décrit la façon dont les parents transmettent leur angoisse aux enfants sans s’en apercevoir et commencent à traiter l’enfant à partir de la mauvaise compréhension qu’il y aurait un problème avec l’enfant. Ce concept et celui de la DS figurent souvent simultanément.

Le processus de transmission multigénérationelle focalise les conduites et les modèles comportementaux qui ont été transmises à travers plusieurs générations, et la façon dont de petites différences de comportement entre les parents et leurs enfants peuvent changer le niveau de différenciation entre les membres des familles dans des générations futures.

La coupure émotionnelle focalise l’éloignement d’un membre de la famille des autres suivant des troubles de famille non résolus, et les conséquences de cette conduite dans des relations futures.

La position de frère et sœur montre la signification de cette position sur le développement et la conduite des enfants.

Finalement, le processus émotionnel sociétal donne une plus grande image des systèmes de famille et décrit comment ces systèmes peuvent aussi être identifiés au niveau sociétal.

Méthode

La lecture des deux romans a produit une délimitation des concepts qui constituent les deux théories présentées ci-dessus. Dans le cas de la théorie d’attachement, cette analyse se concentre sur deux styles d’attachement : l’attachement insécure évitant et l’attachement désorganisé, puisque ces deux styles ont été identifiés pendant la lecture. En ce qui concerne la théorie des systèmes de famille, quatre concepts sont utilisés : les triangles, la

différenciation de soi (DS), le processus émotionnel des familles nucléaires (PEFN), et la coupure émotionnelle. Les trois premiers viennent de Family Evaluation (Kerr et Bowen), tandis qu’on retrouve la coupure émotionnelle sur The Bowen Center (Kerr, ch. 6). En plus, le PEFN est composé par trois modèles comportementaux dont un est pertinent pour cette

étude : la défiance d’un ou de plusieurs enfants (DPE). Cette délimitation est basée sur la présence et la pertinence des concepts à partir du rapprochement et de l’éloignement entre Momo et « je » et leurs mères respectives. Le processus de transmission multigénérationelle, par exemple, n’est pas applicable puisque les grands-parents ne figurent dans aucun des livres.

(10)

10

Analyse

L’analyse est divisée en trois sections. La première traite la relation parent-enfant entre Momo et « je » et leurs figures maternelles respectives, et la manière dont ces relations les

influencent selon la théorie d’attachement. La discussion est suivie par une comparaison. Les deux sections suivantes se consacrent à jeter la lumière sur la structure des familles des protagonistes à partir du rapprochement entre Momo et « je » et leurs mères respectives dans la première partie et l’éloignement dans la deuxième partie. La théorie des systèmes de famille fonctionne comme le point de départ pour ces discussions. Chaque partie est suivie d’une comparaison des deux récits.

La relation parent-enfant

Cette première section de l’analyse se consacre à la relation que tiennent Momo et la

protagoniste de L’Amant avec leurs figures maternelles respectives. La théorie d’attachement est utilisée pour discuter les rapports entre la conduite des mères et celles des adolescents, surtout l’attachement insécure évitant dans le cas de Momo, et les styles insécure évitant et désorganisé dans le cas de « je ». En plus, le processus de parentification, c’est-à-dire quand l’enfant adopte le rôle du parent (Hooper 217), est employée dans les deux discussions.

La vie devant soi

La théorie d’attachement explique l’importance des premières relations que crée l’enfant avec les personnes qui l’entourent. Pour Momo, la personne à qui il s’attache et qui, par

conséquent, devient sa figure d’attachement, est Madame Rosa. La relation entre Momo et Madame Rosa contient sans doute beaucoup d’amour, mais elle porte aussi des aspects destructeurs qui signalent un attachement insécure évitant. Ce style d’attachement est caractérisé par un comportement parental détaché (Vrai, sec. 2). Dans le cas de Madame Rosa, ce détachement est visible dans des absences mentales du présent : « J’ai vite regardé son visage et j’ai vu qu’elle n’y était pas du tout » (Gary 164). À cause de cette fragilité de Madame Rosa, Momo est obligé de prendre beaucoup de responsabilité dans la maison. Il

(11)

11

s’occupe de Madame Rosa et des autres enfants, et il fait le marché (Gary 74). Il devient comme un parent substitut, un rôle auquel il n’est pas préparé. En plus, il est très isolé. Quand il arrive des problèmes, il n’y a personne à qui il peut demander de l’aide : « Je pensais à la pancarte que Monsieur Reza le cordonnier mettait pour dire qu’en cas d’absence, il fallait s’adresser ailleurs, mais je n’ai jamais su à qui je pouvais m’adresser » (Gary 151). S’occuper des tâches domestiques normalement réservées aux adultes fait partie de la parentification instrumentale et, si bien appréciée par le parent, cette responsabilité n’est pas nécessairement mauvaise ou débilitante pour l’enfant (Hooper 217). Madame Rosa montre son appréciation à tout ce que fait Momo plusieurs fois ; par contre, quand il essaie de gagner de l’argent en se prostituant, comme a fait Madame Rosa quand elle était jeune, la vieille dame juive lui fait jurer de ne jamais faire cela, en lui disant : « c’est pas pour ça que je t’ai élevé » (Gary 82).

Bien qu’elle dépend de lui de plus en plus, il est évident qu’elle cherche à le protéger. Il y a pourtant une autre catégorie de parentification plus nocive : la parentification émotionnelle. Si prolongée, ce type de parentification peut interrompre le développement d’une identité

individuelle chez l’enfant, puisqu’il passe ses journées à s’occuper des besoins des autres (Hooper 218). C’est ce type de parentification qu’exerce Momo quand il focalise les besoins de Madame Rosa devant les siens. Quand il s’amuse, il se sent coupable : « je m’étais donné du bon temps sans Madame Rosa et j’avais des remords » (Gary 129). Il n’a pas beaucoup d’experience de penser à lui-même, comme l’on voit dans le cas de Nadine, à qui Momo veut s’attacher mais ne s’en permet pas par la loyauté ou l’obligation qu’il tient pour Madame Rosa. Il renonce tout confort pour lui-même et néglige ses propres besoins en faveur de ceux de Madame Rosa. La conséquence est qu’il n’apprend jamais comment vivre pour lui-même.

En principe, cette structure relationnelle entre Momo et Madame Rosa, remplie de peur et de la responsabilité du bien-être d’un autre, va se retrouver dans la structure des relations que crée Momo dans sa vie. À l’âge adulte, les individus qui tiennent un attachement insécure évitant avec sa figure d’attachement ont « une confiance en soi mais pas en les autres, ce qui les fait réagir par une certaine distance et un évitement dans les relations intimes » (Vrai, sec.

2). Cette distance dans les relations intimes peut être aperçue dans l’interaction entre Momo et Nadine. Il accepte des glaces et aime bien passer du temps dans sa compagnie, mais quand Nadine commence à parler de l’avenir qu’il pourrait avoir chez elle et sa famille, il fuit, sachant qu’elle a déjà d’autres enfants et que, donc, il n’y a pas de place pour lui (Gary 127).

Un autre résultat d’un comportement parental détaché et une parentification émotionnelle est que l’enfant insecure évitant devient atteint d’une anxiété étouffée. En apparence, il « se détache, manifeste peu d’émotions, se tourne davantage vers l’exploration et se voit contraint

(12)

12

d’adopter une autonomie précoce comme stratégie de survie » (Vrai, sec. 2). L’enfant a appris qu’il ne peut pas compter sur sa figure d’attachement, parce qu’elle n’est pas toujours là. Bien sûr, en fin de compte, cette angoisse étouffée va se manifester dans des façons

internes/passives ou externes/actives. Momo admet que : « d’habitude j’ai une peur bleue sans aucune raison, comme on respire » (Gary 109) et suivant sa rencontre avec Nadine, il se jette devant des voitures pour faire peur aux automobilistes : « En courant parmi les voitures ...

j’avais beaucoup d’importance » (128). Il reconnaît qu’il ne peut jamais être la priorité de Nadine et cette réalisation lui fait du mal, mais dans cette situation, au moins, il est important pour quelqu’un. En plus, il se sent en contrôle, ce qui lui manque dans la plupart de sa vie.

L’Amant

La relation entre la protagoniste et sa mère est remplie de sentiments turbulents et une absence de stabilité, typique pour un attachement désorganisé. Dans ce style d’attachement, le parent donne l’impression d’être quelqu’un d’instable, un symbole de la protection aussi bien que de la peur, et l’enfant n’apprend jamais à interagir avec ses propres sentiments (Granhag 80). Le comportement de la mère dans L’Amant passe de l’indifférence à la violence. Elle ne porte aucun respect pour sa fille ou la vertu de celle-ci, en la permettant de sortir de la maison habillée dans une « tenue d’enfant prostituée » (Duras 32). Selon elle, les regards des hommes sont quelque chose dont on devrait être fier : « Tous, dit la mère. Ils tournent autour d’elle, tous les hommes du poste, mariés ou non, ils tournent autour de ça, ils veulent de cette petite, de cette chose-là » (108-109). Bien qu’elle soit mineur et la plus jeune dans la famille, la mère compte sur elle pour gagner de l’argent, et, ce faisant, la pousse envers la parentification instrumentale. Elle n’exprime jamais de gratitude ; toutes les conversations entre mère et fille traitent le sujet d’argent ou de l’apparence et l’habillement de la fille. Naturellement, si ce sont ces choses-là que focalise la mère, c’est ce que va apprendre la fille : « c’est pour cela aussi que l’enfant sait bien y faire déjà, pour détourner l’attention qu’on lui porte à elle vers celle que, elle, elle porte à l’argent. Ça fait sourire la mère » (33). La fille s’engage aux comportements qui lui donnent de l’attention de la mère. Il est peu surprenant que, à la fin, elle se jette dans une relation avec un homme riche puisque c’est sa seule valeur dans les yeux de sa mère : sa capacité de gagner d’argent. Pourtant, quand la mère soupçonne que la relation entre sa fille et le Chinois est devenue sexuelle, elle la punie :

Dans des crises ma mère se jette sur moi, elle m’enferme dans la chambre, elle me bat à

(13)

13

coups de poing, elle me gifle, elle me déshabille, elle s’approche de moi, elle sent mon corps ... elle hurle, la ville à l’entendre, que sa fille est une prostituée, qu’elle va la jeter dehors, qu’elle désire la voir crever et que personne ne voudra plus d’elle, qu’elle est déshonorée, une chienne vaut davantage. (71)

Ce manque de structure dans des modèles comportementaux, c’est-à-dire cette conduite labile de la mère, marque un attachement désorganisé. La fille n’a aucune « base sécurisante » à laquelle elle peut retourner quand elle se trouve dans des situations gênantes ou dangereuses, puisque la mère semble soit encourager ces situations, soit punir sa fille quand elle s’y retrouve. Elle évite la maison, même si elle cherche aussi l’attention de sa mère. La mère, à son tour, se comporte avec un air détaché, et ne semble pas être très engagée dans la vie de sa fille. Dans cet environnment volatil et peu réglementé, il est peu étonnant que la fille finit par chercher de l’attention ailleurs.

Pour la protagoniste de L’Amant, une relation intime équivaut à une relation violente et labile. Une des notions les plus fondamentales de la théorie d’attachement est la conviction que les interactions entre l’enfant et sa figure d’attachement forment la base des « modèles émotionnels » après lesquels l’enfant apprend comment interagir avec les autres et construire des relations (Vrai, sec. 1). Donc, la relation et le style d’attachement ne concerne pas que la relation parent-enfant, mais devient pour ainsi dire le « prototype » de toutes les relations futures de l’enfant. Il est sûr que, dans un certain sens, la conduite du Chinois évoque celle de la mère. Il est atteint des sentiment forts et contradictoires, et vacille entre une passion qui s’avoisine à la violence : « Il devient brutal, son sentiment devient désespéré, il se jette sur moi, il mange les seins d’enfant, il crie, il insulte » (Duras 53) et une forte peur : « Il pleure souvent parce qu’il ne trouve pas la force d’aimer au-delà de la peur » (61). La protagoniste est habituée à cette dichotomie émotionnelle, et peut-être qu’elle la cherche même. En effet, elle devient comme un enfant de son amant : « J’étais devenue son enfant. C’était avec son enfant qu’il faisait amour chaque soir » (118). Par opposition au Chinois, la protagoniste maintient un air détaché, peu émotionnel, dans leur relation, ce qui est typique dans un attachement insécure évitant. Avant leur première rencontre sexuelle, elle demande qu’il ne lui parle pas, et qu’il fasse « comme d’habitude il fait avec les femmes » (47). Elle semble seulement être intéressée au plaisir charnel, peut-être parce qu’elle a appris par sa mère qu’elle ne peut pas compter sur d’autres personnes pour répondre à ses besoins émotionnels, ce qui laisse seulement les besoins physiques. Focaliser les besoins physiques au lieu des besoins émotionnels est un autre charactéristique d’un attachement insécure évitant (Granhag

(14)

14

77). Puisque sa relation avec sa mère est composée d’un certain niveau d’évitement, il est possible qu’elle cherche un substitut à qui elle peut s’attacher.

Comparaison

Il y a des différences aussi bien que des similitudes dans les relations parents-enfants

discutées ci-dessus. Momo et « je » tiennent tous les deux un attachement insécure évitant à leurs figures maternelles, pourtant, leurs relations respectives sont assez différentes. Les deux protagonistes semblent avoir confiance en eux-même mais pas en les autres, charactéristique typique pour les enfants insécures évitants comme l’a remarqué Vrai (sec. 2). Par contre, pour Momo, ce manque de confiance en Madame Rosa a l’air d’avoir comme origine la fragilité de cette dernière, tandis que pour la protagoniste de L’Amant, il vient de son incapacité de prédire les émotions de sa mère. Lié à cette pensée, l’évitement de Momo pourrait s’expliquer par son sens d’impuissance face à la détérioration de Madame Rosa, alors que pour « je » il s’agit plutôt d’une fuite de la violence, même si elle la retrouve dans sa relation désorganisé avec le Chinois. Ils veulent tous les deux se montrer importants à leurs figures maternelles et s’engagent dans la parentification instrumentale pour aider avec des finances ; mais, tandis que Madame Rosa interdit à Momo de se prostituer, la mère dans L’Amant encourage sa fille de le faire. Contrairement à Madame Rosa aussi, la mère dans L’Amant est violente, ce qui peut être une autre raison pour laquelle la protagoniste finit par éviter sa mère. Le

comportement des figures maternelles montrent une différence dans leurs relations respectives avec leurs enfants, où Madame Rosa s’inquiète de la sécurité de Momo et est préoccupée par son bien-être, alors que la mère de « je » semble indifférente à la vertu de sa fille et focalise l’argent. Peut-être cette différence pourrait-elle offrir une raison pour que « je » ne s’engage pas à la parentification émotionnelle alors que Momo le fait : leurs comportements

émotionnels envers leurs figures maternelles ressemblent ceux de leurs mères. Finalement, les adolescents quittent leurs maisons quand les conditions deviennent intenables et ils tombent dans des situations semblables à ceux qu’ils ont laissé derrière eux. Momo rencontre Nadine, qui tient beaucoup à lui et qui s’intéresse à son bien-être, comme Madame Rosa, et la

protagoniste de L’Amant trouve dans le Chinois quelqu’un avec qui elle entretient une relation semblable à celle qu’elle a avec sa mère, c’est-à-dire une relation sans stabilité émotionnelle.

(15)

15

Le rapprochement

La théorie des systèmes de famille est divisée en huit concepts principaux, dont quatre sont pertinents pour cette analyse. Dans cette deuxième section, les romans sont discutés

séparément à partir de trois de ces concepts, le processus émotionnel des familles nucléaires (PEFN), la différenciation de soi (DS), et les triangles, selon le rapprochement entre Momo et

« je » et leurs figures maternelles respectives. Ces discussions sont suivies par une comparaison entre les deux analyses.

La vie devant soi

Le rapprochement de Momo et Madame Rosa peut être perçu dans plusieurs modèles

comportementaux de Kerr et Bowen, mais surtout le PEFN et la DS. Le PEFN est compris par trois modèles émotionnels qui ont pour but de trouver les systèmes de tension dans une

famille et éclaircir les structures utilisées par la famille pour neutraliser l’angoisse (Kerr et Bowen 163). Cette section se concentre sur le troisième modèle dans le PEFN, celui de défiance d’un ou plusieurs enfants (DPE). En gros, la DPE se produit quand les parents focalisent les « problèmes » d’un de ses enfants au lieu de se concentrer sur ces propres

problèmes (166). Ce modèle est composé par cinq étapes : Premièrement, le parent est fixé sur un problème, souvent imaginaire, de l’enfant (en réalité un problème refoulé dans l’adulte) et ce problème cause beaucoup de stress pour le parent et, par conséquent, l’environnement domestique. Deuxièmement, le parent cherche à confirmer la présence de ce problème par des interprétations erronées du comportement de l’enfant. Cela fait, le parent se comporte comme s’il y avait vraiment quelque chose de mal avec l’enfant dans le troisième étape. Dans le quatrième étape, l’enfant découvre que le parent devient plus calme si l’enfant suit les attentes comportementales que le parent a de lui (puisque la présence d’un problème dans l’enfant empêche le parent de se concentrer sur le problème réel) et il cherche à le faire. Finalement, l’enfant commence à intérioriser l’image qu’a le parent de lui, et les peurs du parent

deviennent réalisées (201). Madame Rosa ramène Momo chez le docteur Katz plusieurs fois, convaincue qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec son môme préféré et toujours craignant son bien-être, ou le manque présumé de celui-ci. Comme Momo le raconte, Madame Rosa

(16)

16

« disait que j’étais atteint de troubles de précocité et j’avais déjà ce qu’elle appelait l’ennemi du genre humain qui se mettait à grandir plusieurs fois par jour » (Gary 65). Cela indique qu’il y a quelque chose en Momo au mieux anormale et au pire dangereuse. Cet aspect auto- réalisateur se voit quand Momo se croit différent : « Madame Rosa dit que ... je suis différent et que je ne ferais jamais autre chose que ça, être différent » (157). Une autre raison pour que cette prophétie soit réalisée est l’urgence du parent de résoudre le problème, initialement imaginaire, de l’enfant. C’est ce que fait Madame Rosa, en ramènant Momo chez le docteur Katz : Elle renforce la présence et la « vérité » de cette « anomalie » en insistant qu’elle existe. Dans sa dissertation sur l’application des systèmes de famille dans les œuvres de Philip Roth, Schiff prend comme exemple Sophie, la mère d’Alex dans Portnoy’s Complaint, qui focalise son fils au lieu de résoudre ses problèmes conjugaux ; ensuite, quand son fils lui rejette, elle se sent exploitée (38). Dans une réaction similaire, on voit Madame Rosa hurler à Momo qu’il n’a pas de gratitude pour tout ce qu’elle a fait pour lui, quand il pose des

questions sur sa mère biologique (Gary 41). La conséquence est que Momo cesse de

demander qui est sa mère, et la peur de Madame Rosa est apaisée. Bien que ce comportement soit une façon pour le parent troublé de contrôler son angoisse, éviter le problème « réel » n’offre que du soulagement temporaire (Schiff 29). Ironiquement, Kerr identifie qu’une des conséquences de cette focalisation sur l’enfant peut être que l’enfant se comporte d’une manière impulsive pour soulager l’angoisse qui lui arrive à cause de son « défaut » (ch. 4), conduite qui se voit en Momo quand il jette l’argent qu’il gagne après avoir vendu son chien Super, et les gants qu’il vole juste pour les jeter peu après (Gary 29, 100). Autrement dit, selon le DPE, la conviction de Madame Rosa qu’il y a quelque chose de défectueux en Momo est, en effet, la cause du problème.

Les « problèmes » de Momo aboutissent à une relation très proche entre lui et Madame Rosa, qui peut être analysée selon la notion de la différenciation de soi (DS). En gros, la DS décrit le degré de séparation émotionelle entre l’enfant et sa famille (Kerr et Bowen 96).

Autrement dit, ce modèle comportemental signale le niveau où l’individu a été capable de s’éloigner de sa famille pour créer sa propre individualité (Schiff 24). Un rapprochement de deux individus basé sur des problèmes émotionnels non résolus du parent, identifié ici-dessus dans la relation entre Momo et Madame Rosa, empêche le développement de DS dans l’enfant puisqu’il devient comme collé au parent. Madame Rosa, qui a beaucoup souffert dans la vie, est terrifiée de se trouver seule, ce qui se voit dans son comportement envers Momo. Par conséquent, cette nervosité d’être abandonné se retrouve dans Momo : « j’avais une peur bleue de me trouver sans elle » (Gary 75) et il ne s’égare jamais très loin de Madame Rosa. Le

(17)

17

même effet est produit quand Madame Rosa dit a Momo : « ‘Un jour [...] tu ne voudras plus de moi,’ déclaration à laquelle Momo répond : ‘Ne dites pas de conneries, Madame Rosa. Je vais pas vous laisser tomber. C’est pas mon genre’ » (169). Tout de suite, le danger de se trouver seul est diminuée, pour tous les deux. Bien sûr, il faut garder à l’esprit que Momo a déjà été abandonné, par sa mère biologique, et que sa peur face à cette possibilité de se retrouver abandonné précède son arrivé chez Madame Rosa. Il n’est jamais mentionné à quel âge Momo est installé chez Madame Rosa, mais il est donc possible qu’il ait déjà une

sensibilité. Bien entendu, une « fusion d’identité » (Schiff 27) n’est pas seulement caractérisée par une fusion de peur. Momo n’est pas capable d’imaginer sa vie sans Madame Rosa ; non pas seulement parce qu’il dépend d’elle au point de vue pour ainsi dire pragmatique, mais aussi parce que leurs émotions sont devenues fusionnées. Quand Madame Rosa est triste, Momo aussi se sent mal, et quand il pense à la mort imminente de Madame Rosa, il veut mourir lui aussi : « Je me suis couché par terre, j’ai fermé les yeux et j’ai fait des exercices pour mourir » (Gary 104). Tout ce qui arrive à Madame Rosa arrive aussi à Momo, ce qui lui cause beaucoup de stress. Plus le niveau de cette « interdépendance » est élevé, plus la capacité d’adaptation de la famille face aux événements stressants est faible (Kerr, ch. 2).

Dans La vie devant soi, elle met en evidence une relation destructrice puisque Momo ne tient aucun système de sécurité sauf Madame Rosa. Le destin de Momo est lié à celui de Madame Rosa. Il n’a aucune identité individuelle.

L’Amant

La famille de la protagoniste dans L’Amant est constituée par quatre personnes, néanmoins, le concept des triangles peut éclaircir la dynamique entre la protagoniste, la mère, et le frère aîné. Un triangle peut être définit comme un système composé de deux éléments : une dyade unifiée et une personne isolée qui cherche à y appartenir (Kerr et Bowen 136). Les deux personnes qui forment la dyade peuvent être échangées selon les flux et reflux de tension dans le système, c’est-à-dire dans les relations des individus, mais il y reste toujours cette structure de base de la dyade d’un côté et la personne isolée de l’autre (Kerr, ch. 1). Dans L’Amant, la dyade principale est composée par la mère et le frère aîné, et la protagoniste se trouve dans la position de la personne isolée. La protagoniste fait de son mieux pour gagner la faveur de la mère : elle l’aide avec des finances et elle est une bonne étudiante. Malgré tout cela, la mère favorise le fils aîné. Le rejet que ressent la protagoniste lui cause beaucoup d’angoisse et des

(18)

18

sentiments violents : « mon frère aîné, je voulais le tuer ... enlever de devant ma mère l’objet de son amour, ce fils, la punir de l’aimer si fort » (Duras 13). Ce désir de tuer le frère semble être né par la jalousie de la relation entre la mère et le frère aîné, et l’amertume qu’elle sent d’avoir été négligée par cette première. Dans la dyade, il y a la mère, qui n’est pas très stable et qui dépend de son fils aîné ; malheureusement, il n’est pas quelqu’un à qui on peut faire confiance. Il vole, viole, et fait toujours des transgressions, ce qui devrait engendrer beaucoup de tension dans la mère et l’environnement domestique. Kerr et Bowen proclament qu’il est possible de maintenir la paix dans la dyade en poussant la tension vers l’autre côté du triangle ; c’est-à-dire, vers la personne isolée (138). Il y a effectivement une scène dans L’Amant où c’est ce que fait le frère aîné et la mère : quand la mère punit sa fille pour sa relation avec le Chinois : « Le frère répond à la mère, il lui dit qu’elle a raison de battre l’enfant ... il leur faut la savoir [la vérité] pour empêcher que cette petite fille ne se perd, pour empêcher que la mère en soit désésperée » (Duras 71). L’encouragement du frère aîné aide à maintenir la dyade entre lui et la mère en transmettant la tension aux « méfaits » de la fille.

Quand cela ne résout pas l’angoisse dans la mère, elle quitte la dyade et s’approche à sa fille et l’incite à gagner de l’argent, comme l’on a remarqué dans la section qui traite la théorie d’attachement. Il faut être conscient du fait que la narration dans L’Amant n’est pas linéaire ; par conséquent, il est difficile de confirmer l’ordre des événements. Néanmoins, d’un point de vue structurel, le comportement de « je », de la mère, et du frère aîné pourrait être expliqué par le va-et-vient de tension dans ce triangle. Étranglée dans cette structure entre un frère tyrannique et une mère qui fait attention à elle seulement quand il s’agit d’argent, la

protagoniste crée sa propre dyade avec le Chinois, avec la mère dans le rôle de cette troisième personne isolée. L’introduction d’un nouveau triangle est typique quand la tension ne peut pas être absorbé dans le triangle « original » (Kerr et Bowen 139). En revanche, cette relation cause de nouveaux problèmes dans sa famille, liés au racisme et à la supériorité qu’ils ont l’impression d’avoir sur le Chinois, bien que la protagoniste devienne aussi plus proche d’eux.

Quand ces deux mondes, ces deux systèmes, se rencontrent, c’est le Chinois qui est mis à l’écart. La protagoniste reste toujours en dehors de cette sphère intime partagée par la mère et le frère aîné ; néanmoins, elle montre son appartenance à la famille en imitant le

comportement du frère aîné, effectivement laissant le Chinois hors du groupe. « Nous prenons tous modèle sur le frère aîné face à cet amant. Moi non plus, devant eux, je ne lui parle pas » (Duras 63). Il est possible, même probable, que la protagoniste ait peur de son frère aîné et son comportement menaçant, et que cela fasse partie de la raison pour laquelle elle lui

obéisse. Cependant, il semble y exister une autre dimension de sa conduite : « Mon désir obéit

(19)

19

à mon frère aîné, il rejette mon amant [...] Je ne peux pas lutter contre ces ordres muets » (64).

Ce désir de la protagoniste pourrait être expliqué par une volonté de plaire le frère aîné et, en le faisant, se trouver à l’intérieur de la famille ? Donc, le Chinois devient non seulement son amant, mais aussi une façon pour elle de s’approcher à sa famille, en mettant quelqu’un d’autre en dehors du groupe. Son désir d’établir une dyade avec la mère ne cesse que quand le frère cadet meurt : « Elle est morte pour moi de la mort de mon petit frère. De même que mon frère aîné. ... Ils ne m’importent plus » (36). Jusqu’à ce moment, elle essaie de s’approcher à la mère, mais comme elle accuse la mère de la mort du père, elle semble le faire également pour le frère cadet. L’éloignement commence.

Comparaison

Bien que Momo et « je » s’adaptent tous les deux pour s’approcher à leurs mères respectives, ils viennent de deux positions différentes d’un point de vue structurel. Dans La vie devant soi, le besoin d’être proche vient de Madame Rosa et sa peur. Dans le PEFN/la DPE, Momo suit les attentes qu’elle a de son comportement pour la calmer : il vend Super et jette l’argent, et il jette aussi les gants pour démonter ces « problèmes » que Madame Rosa a perçu en lui. La même conduite peut être identifiée dans la DS : c’est la peur de Madame Rosa d’être seule qu’enchaîne Momo et qui finit par être transmise à lui. Le rapprochement est né par un sentiment de nécessité partagé par les deux. La situation pour la protagoniste de L’Amant est plutôt l’inverse : dans le triangle entre elle, sa mère, et son frère aîné, elle occupe le rôle de la personne isolée et se trouve en dehors de la dyade. Suivant la structure des triangles, elle cherche à perturber cet équilibre pour prendre la place du frère aîné dans la dyade : elle se prostitue pour gagner de l’argent et elle est une bonne étudiante, en espérant que la mère va s’intéresser à elle. Dans ce cas, la volonté de s’approcher est à l’origine de la fille, et non pas la mère. De plus, cette focalisation de la mère dans L’Amant sur les « problèmes » de sa fille ressemble à celle de Madame Rosa, bien qu’elles viennent de deux structures différentes, la DPE et les triangles. Les deux mères se concentrent sur leurs enfants « troublés » au lieu de résoudre leurs propres angoisses. En outre, alors que Madame Rosa hurle à Momo pour le garder près d’elle et se calme quand ce but est réalisé, la mère dans L’Amant punit sa fille quand elle fait de son mieux pour réaliser les attentes de sa mère (en gagnant de l’argent, par exemple). Le rapprochement de Momo est bien réçu par Madame Rosa, tandis que « je » recontre soit la violence soit l’indifférence. La conséquence est que Momo devient plus

(20)

20

proche de Madame Rosa, alors que la protagoniste de L’Amant, toujours à l’écart dans le triangle dans sa famille, est poussée à chercher l’intimité ailleurs.

L’éloignement

Dans cette dernière partie de l’analyse, l’éloignement entre Momo et « je » et leurs figures maternelles respectives est examiné et comparé. Le point de départ pour ces discussions est deux concept de la théorie des systèmes de famille : les triangles et la coupure émotionnelle.

La vie devant soi

Les triangles se produisent quand il y a trop de tension dans la dyade, et qu’il faut quelqu’un ou quelque chose de plus pour absorber la tension. En temps de calme, il est sûr qu’un système de deux personnes peut être stable, mais le concept des triangles, et la théorie des systèmes de famille en gros, focalise les périodes problèmatiques et la façon dont la famille s’adapte à l’angoisse, et là, un système entre seulement deux individus est très faible (Kerr et Bowen 135). Dans La vie devant soi, on trouve une dyade forte et incontestable entre Momo et Madame Rosa ; par contre, on y trouve aussi beaucoup de tension, liée surtout aux finances et à l’avenir incertain. Pour Momo, il y a aussi l’angoisse du vieillissement de Madame Rosa.

Il passe beaucoup de temps dans la ville pour fuir la détérioration psychologique et physiologique de sa figure maternelle (Gary 101, 141, 161). Là, il joue avec Arthur le parapluie et le chien Super, ou ses amis imaginaires, les clowns et le flic. Tous ces personnages peuvent être une manière pour Momo de s’éloigner de l’angoisse liée à son environnement domestique ; autrement dit, ils jouent le rôle de diversion et peuvent occuper le troisième rôle dans un triangle. Quand Momo rencontre Nadine, il commence à penser à l’avenir : « Je l’ai regardé avec espoir et j’avais le cœur qui battait » (98). Donc, ces rêves d’un avenir avec Nadine fonctionnent eux aussi comme une sorte de fuite de la tension qui est présentée dans la relation dyadique entre Momo et Madame Rosa, et de la situation où ils se trouvent tous les deux. Selon Kerr et Bowen, le troisième rôle dans un triangle peut être occupé par une idée, une activité, ou un animal de compagnie ; pourtant, une personne vivante avec la capacité d’agir est essentielle pour que tous les aspects des triangles soient réalisés

(21)

21

(136). Par exemple, un élément clé pour déplacer la tension est que ce nouveau venu, ce

« troisième », prend la partie de quelqu’un dans la dyade (137). Cela pose un problème dans La vie devant soi : il n’est pas possible pour Nadine de s’orienter dans la relation entre Momo et Madame Rosa, ou de prendre partie, puisqu’elle ne connaît pas Madame Rosa. Néanmoins, d’un point de vue structurel, le mouvement des relations entre Momo et Nadine et entre Momo et Madame Rosa ressemble à celui d’un triangle : quand il y a trop de tension dans sa relation dyadique avec Madame Rosa, Momo s’éloigne d’elle et cherche le soulagement ailleurs, dans d’autres relations, imaginaires ou réelles. Par contre, il faut garder à l’esprit la possibilité que Momo évite l’appartement non pas parce qu’il veut, en réalité, s’éloigner de Madame Rosa, mais plutôt qu’il cherche à s’éloigner de la peur qui est liée à Madame Rosa et au futur incertain. En fin de compte, bien que la dégradation de Madame Rosa lui fasse beaucoup de mal et qu’il soit toujours tiré entre une volonté de l’aider et de s’enfuir, il retourne à l’appartement et reprend sa place dans la dyade.

L’Amant

La coupure émotionnelle semble faire partie du système fondamental dans la famille dans L’Amant. Comme le nom l’indique, la coupure émotionnelle est un type de méchanisme d’adaptation où l’individu qui l’exerce réduit, « coupe », tout contact émotionnel avec les autres membres de la famille à la suite de problèmes émotionnels non résolus (Kerr, ch. 6).

Nous avons déjà constaté que la protagoniste a des sentiments turbulents liés à sa mère, et qu’elle se tient éloignée du frère aîné et de ses humeurs violents. Une coupure prolongée des personnes significatives porte des conséquences graves, et il existe pas mal de recherches sur la relation entre la coupure émotionnelle et des troubles mentaux ou physique, comme la dépression, l’alcoolism, et la dépendance des drogues (Schiff 49). Nous pouvons en voir des traces dans la protagoniste aussi : « toujours j’ai été triste ... je vois cette tristesse aussi sur les photos où j’étais toute petite » (Duras 55). Ce n’est que quand elle commence à voir le

Chinois qu’elle se laisse sentir des sentiments qu’elle ne reconnaît pas quand elle est entourée par sa famille, et cette relation interdite marque le début de son éloignement de sa famille :

« elle est à l’écart de cette famille pour la première fois et pour toujours » (45). De plus, comme fait remarquer Fälldin dans sa dissertation sur L’Amant et l’identité : « L’entrée de l’amant chinois est cruciale pour cette recherche d'elle-même, parce que la décision d’entamer une liaison avec lui est une de ses premières actions indépendantes » (1). Bien sûr, il y a deux

(22)

22

faces d’une même médaille. Un danger de la coupure émotionnelle en ce qui concerne le partenaire romantique, ou la famille nouvelle qui « substitue » la famille d’origine, est l’attente, et même l’ésperance, du « coupeur » que ces nouvelles personnes vont répondre à tous les besoins qu’il ou elle pourrait avoir (Kerr, ch. 6). La protagoniste de L’Amant, par contre, semble plutôt remporter sa coupure émotionnelle dans cette nouvelle relation. Dans leur premier moment intime, « [e]lle lui dit qu’elle ne veut pas qu’il lui parle, que ce qu’elle veut c’est qu’il fasse comme d’habitude il fait avec les femmes » (Duras 47). Cela peut être interprété comme une façon pour la protagoniste de ne pas s’approcher du Chinois au niveau émotionnel. Pas habituée à une proximité psychologique, il est possible qu’elle ne sache même pas comment développer ce genre de relation, ou qu’elle en ait peur. La coupure absolue se présente quand elle quitte le Mékong « [s]ans montrer à sa mère et à son petit frère qu’elle avait de la peine, sans montrer rien comme c’était l’habitude entre eux » (131) pour ne jamais y revenir : « Je ne sais plus rien d’eux après ce jour » (36). En outre, il n’est pas rare que les enfants avec un attachement désorganisé quittent leur maison sans résoudre ses problèmes de famille (Granhag 81). L’éloignement géographique de la protagoniste suit le modèle et fait fonction de la coupure « finale ».

Comparaison

Confrontés au haussement de tension dans leurs familles, Momo et « je » fuient la maison ; la protagoniste finit même par fuir le pays. Bien que l’action soit la même, la différence entre eux se voit dans la structure de famille et où ils se trouvent. Momo fait partie d’une dyade avec sa figure maternelle, et sa conduite ressemble plutôt à celle de la mère dans L’Amant qu’à celle de la protagoniste, ce qui ne devrait étonner personne, puisqu’ils se trouvent dans le même rôle. Tous les deux sont atteints d’anxiété dans leur dyade respective, et quitte l’endroit et la personne liés à la tension, avant d’y retourner. Tandis que Momo quitte non seulement Madame Rosa mais aussi sa place dans la dyade, la protagoniste de L’Amant se trouve toujours en dehors de cette position structurelle avec sa mère, à l’exception d’instances brèves. Il est possible que cette différence structurelle donne à la protagoniste une certaine libérté prolongée qui n’est pas accessible à Momo ; elle, à cause de cette libérté, a la possibilité de s’éloigner de sa famille et créer sa propre dyade avec le Chinois, tandis que Momo est enchaîné à Madame Rosa et ne se permet que des repos brefs. Les deux

protagonistes montrent aussi deux styles d’éloignement : l’éloignement « physique » et

(23)

23

l’éloignement « émotionnel ». Momo ne s’éloigne jamais de Madame Rosa d’une manière émotionnelle, ce qui a été conclu dans la partie du rapprochement : ils sont trop attachés l’un à l’autre du point de vue émotionnel. Momo quitte la maison et il se distrait, mais il reste

toujours consciente de sa responsabilité envers et sa dépendance de Madame Rosa. De l’autre côté, l’éloignement émotionnel semble faire partie de la famille de « je », et elle se tient à une distance émotionnelle avant son éloignement « définitif » dans la manière « physique ».

Conclusion

Cette étude avait pour son objectif d’examiner l’influence des deux figures maternelles dans La vie devant soi de Romain Gary et L’Amant de Marguerite Duras sur leurs enfants, Momo et « je ». Les deux livres sont analysés après la théorie d’attachement de John Bowlby et Mary Ainsworth et al., pour éclaircir l’importance de la relation entre Momo et « je » et leurs mères troublées respectives pour le développement des adolescents. La théorie des systèmes de famille est employée pour illuminer les structures de famille où se trouvent ces jeunes protagonistes, à partir du rapprochement et d’éloignement de Momo et « je » et leurs figures maternelles respectives. Finalement, des comparaisons sont faites pour identifier la manière de laquelle Momo et « je » ont été influencés par leurs mères.

Les modèles comportementaux qu’ont appris Momo et « je » de leurs mères peuvent être identifiés dans leurs relations avec d’autres. Dans La vie devant soi, Momo est atteint de sentiments turbulents liés à Madame Rosa, sa figure maternelle. Typique pour quelqu’un avec un attachement insécure évitant, il semble être un garçon indépendant et précoce, tandis qu’il souffre d’angoisse et beaucoup de peur interne, liées à l’incertitude qui entoure son avenir et celui de Madame Rosa. Cette turbulence se retrouve dans son comportement envers Nadine, avec qui il aime beaucoup passer du temps, jusqu’à ce qu’ils commencent à s’approcher au niveau émotionnel. Dans L’Amant, la relation entre la protagoniste et sa mère est caractérísée par des sentiments ambivalents et destructeurs. La mère favorise ses fils, l’aîné en particulier, et donne attention à sa fille uniquement quand il s’agit d’argent. Par conséquent, la

protagoniste a un comportement détaché envers les autres, conduite qu’elle a appris de sa mère et son attachement insécure évitant et qui se voit aussi dans sa relation avec son amant, le Chinois. De plus, la conduite violente et labile de sa mère, typique pour un parent dans

(24)

24

l’attachement désorganisé, se retrouvent dans le Chinois, et met à l’epreuve les attentes qu’a la protagoniste sur les relations intimes.

Quatre concepts de la théorie des systèmes de famille ont été discutés pour essayer d’éclaircir le contexte structurel où se trouve Momo et « je » : les triangles, la différenciation de soi (DS), le processus émotionnel des familles nucléaires (PEFN), et la coupure

émotionnelle. Momo se trouve dans une relation dyadique, c’est-à-dire une relation entre deux personnes, avec Madame Rosa, et quand la tension devient insupportable, il quitte

l’appartement pour trouver du calme ailleurs. Les identités de Madame Rosa et Momo se fusionnent dans la DS comme la conséquence de la focalisation de Madame Rosa à Momo, à partir d’un des modèles qui forment le PEFN : la défiance d’un ou plusieurs enfants (DPE).

Le résultat pour Momo est l’empêchement du développement de l’autonomie et d’un identité individuelle, et il commence à se penser différent des autres, reproduisant le point de vue de Madame Rosa. Dans L’Amant, la protagoniste est en dehors de la dyade entre sa mère et son frère aîné et cherche de l’attention de sa mère. Tous ses efforts de s’approcher à sa mère sont en vain, et « je » finit par rencontrer le Chinois et s’éloigner de sa famille. Elle coupe les attachements émotionnels qu’elle a avec sa famille et son amant et quitte son pays d’origine, n’avoir jamais su comment maintenir une relation intime émotionnelle. Il est clair que, dans les deux cas, le comportement des mères influence celui de leurs enfants. À cause de Madame Rosa, Momo devient nerveux et isolé, tandis que la protagoniste de L’Amant suit le chemin de tristesse et des émotions tamisées de sa mère.

Ce mémoire examine la présence de quelques concepts de la théorie d’attachement et de la théorie des systèmes de familles dans deux familles fictives, mais il nous reste encore plusieurs concepts, combinaisons de concepts, et structures de familles différentes pour bien comprendre la vertu des analyses littéraires qui ne focalisent pas la psychanalyse et sa

« pulsion sexuelle ». Si la réalité n’est qu’une version du monde qui a été filtré à travers le discipline de la critique littéraire, ce qui a été remarqué au début de cette étude, plus de recherches psychologie/littérature qui focalisent l’individu aussi bien que son contexte

structurel et émotionnel nous ne donnent pas seulement une nouvelle appréciation des œuvres littéraires, mais aussi une compréhension plus approfondie de l’expérience humaine.

(25)

25

Bibliographie

Cohen, Paula Marantz. The Daughter's Dilemma : Family Process and the Nineteenth- Century Domestic Novel. Illustrated, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1991.

Duras, Marguerite. L’Amant. Paris, Les Éditions de Minuit, 2015.

Edwards, Brian. « The Inhibited Temperament in Sons and Lovers ». Style, vol. 44, no. 1-2, 2010, pp. 62-80, www.jstor.org/stable/10.5325/style.44.1-2.62. Consulté en mai 7 2020.

Fälldin, Agnes. La formation d’une identité à l’intersection du genre, de l’ethnie et de la classe : Une analyse intersectionnelle de L’Amant de Marguerite Duras. Lic. diss., Högskolan Dalarna, 2015, www.diva-

portal.org/smash/get/diva2:823398/FULLTEXT01.pdf. Consulté en mai 11 2020.

Gary, Romain. La vie devant soi. Paris, Folio, 2016.

Granhag, Pär Anders. Handbok i rättspsykologi. 3rd ed., Malmö, Liber, 2012.

Hooper, Lisa M. « The Application of Attachment Theory and Family Systems Theory to the Phenomena of Parentification ». The Family Journal : Counseling and Therapy for Couples and Families, vol. 15, no. 3, 2007, pp. 217-223, doi:

10.1177/1066480707301290. Consulté en mai 2 2020.

Kerr, Michael E. « One Family’s Story : A Primer on Bowen Theory ». The Bowen Center for the Study of the Family, 2000, thebowencenter.org/theory/. Consulté en mai 7 2020.

Kerr, Michael E. and Murray Bowen. Family Evaluation : An Approach Based on Bowen Theory. New York, W.W. Norton, 1988.

Knapp, John V. Striking at the Joints : Contemporary Psychology and Literary Criticism.

Lanham, University Press of America Inc, 1996.

Pennanech, Florian. « Littérature, psychologie, psychanalyse ». Fabula : la recherche en littérature, 2009, www.fabula.org/actualites/litterature-psychologie-

psychanalyse_33448.php. Consulté en mai 15 2020.

Schiff, Sarah E. Family Systems Theory As Literary Analysis : The Case of Philip

Roth. Mas. diss., University of Florida, 2004, doi: 10.3200/PRSS.2.1.25-46. Consulté en mai 15 2020.

(26)

26

Vrai, Morgane. « L’attachement comme système motivationnel : J. Bowlby ».

Philosophie, science et société, 2018, philosciences.com/philosophie-et-

psychopathologie/psychopathologie-psychiatrie-psychoanalyse/312-attachement- bowlby. Consulté en mai 11 2020.

References

Related documents

(Extrait du livre: http://www.orbilat.com/Influences_of_Romance/English/RIFL-English- French-The_Domination_of_French.html) 81. The Norman Conquest .1.) Bien sûr, il s’agit de la

Contrairement à la mère qui apparait comme asexuée (« La mère n’a pas connu la jouissance », Amant, p.50), la jeune femme se pose en sujet qui assume sa sexualité

Un facteur largement discuté et soutenu par de nombreux linguistes comme la différence décisive entre la valeur modale de l'indicatif et celle du subjonctif, le facteur « réalité

Une fois terminé cet examen d’un certain nombre de propriétés pertinentes reliées à la traduction d’une œuvre poétique, le moment est venu pour faire un bilan

Dans son corpus, la lenteur de la féminisation du terme directeur de recherche est remarquable en le comparant à directeur général, dont l’équivalent féminin directrice

Par contre, dans un contexte comme celui de l'exemple (5), le compliment sert à adoucir un FTA, relevant alors d'une politesse négative. En ce qui concerne les réponses

Dans Le ventre de l´Atlantique, il y a aussi Salie qui est une jeune femme originaire de l´île de Niodor, dont l´histoire ressemble beaucoup à celle de l´auteure du roman.. Elle

Éveilleuse pour quel désenchantement… (Os, p. Le plus souvent le « Je narrant » et le « Je narré » coïncident, de façon qu’on ne puisse pas les distinguer. Cependant, toutes