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VÄXJÖ UNIVERSITET FR3003 Institutionen för humaniora Vt09 Franska Handledare: Olof Eriksson ÉTUDE COMPARATIVE SUR LES DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES DU ROMAN DOKTOR GLAS DE HJALMAR SÖDERBERG Mikael Söderström

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(1)

VÄXJÖ UNIVERSITET FR3003

Institutionen för humaniora Vt09

Franska

Handledare: Olof Eriksson

ÉTUDE COMPARATIVE SUR LES DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES DU ROMAN DOKTOR GLAS DE HJALMAR SÖDERBERG

(2)

Page | 1 Abstract

The present essay is a translation study on the two French versions of the Swedish novel

Doktor Glas, by Hjalmar Söderberg. As one among relatively few Swedish novels of its time, Doktor Glas has been translated and re-translated.

The main purpose of this study is to identify and explain differences between the two French versions of Doktor Glas, concerning the ways the literary style of the Swedish author has been translated. By focusing on the methods of translation (transitions, omissions and the use

of footnotes) used by the different translators, I examine to what extent the later ones have

been successful in rendering what I call the “söderbergian” style/”le style söderbergien”. For this purpose, certain passages from the two French versions have been examined and compared to the corresponding passages within the original text.

The different translators have used different methods of translation, some of which are and have sometimes been considered as controversial, for example in terms of their capacity to render the author-specific style into another language. A main conclusion in this study is that the re-translation is the more faithful of the two French versions of the “söderbergian” style/”le style söderbergien”.

(3)

Page | 2 TABLE DES MATIÈRES

1. INTRODUCTION ... 3 1.2 Cadre théorique ... 5 1.3 Objectif ... 7 1.4 Méthode ... 7 2. ANALYSE ... 8 2.1.1 Les transitions ... 8 2.1.2 Les suppressions ... 12

2.2 D’autres remarques concernant le style ... 15

2.3 Le vocabulaire ... 17

3. DISCUSSION ET ÉVALUATION ... 22

4. CONCLUSION ... 24

(4)

Page | 3 1. INTRODUCTION

Écrivain d’importance dans la littérature suédoise au début du XXe siècle, Hjalmar Söderberg (1869-1941) était fortement imprégné de sa ville natale, Stockholm. Dans le roman Doktor

Glas1, le personnage principal, à savoir le docteur Glas lui-même, guide le lecteur sur les îles et les ponts de la capitale suédoise. C’est un récit riche en détails et en descriptions géographiques typiques de cette ville. Aussi, l’ironie et la vitesse de la narration illustrent bien

le style spécifique de l’auteur2.

Traduit en français à deux occasions3, Doktor Glas fait partie ainsi du petit nombre de romans classiques suédois qui ont été retraduits. Il est possible que la retraduction soit devenue de plus en plus un recours important au fur et à mesure que le rôle du traducteur a changé. Réalisées souvent par des traducteurs très indépendants, les premières traductions de certains romans rendaient parfois un contenu qui ne correspondait pas entièrement à celui du texte original. Ainsi, afin de rendre le contenu entier des textes originaux, de nouveaux traducteurs ont recouru parfois à la retraduction. En d’autres termes, « le retraducteur » ou « la retraductrice » vise souvent à être plus fidèle au texte original, mais de quelle façon ?

Dans le cas de Doktor Glas, est-ce que la « retraductrice » de ce roman, Denise Bernard-Folliot, a tenu à garder le style typique de Söderberg? Est-il possible ou non de rendre en français un style suédois tellement personnel ? C’est sans doute une question importante, qu’il faut se poser en examinant de près et en comparant les deux traductions réalisées par, d’un côté, Marcellita Moltke-Huitfeld et Ghislaine Lavagne4 et, de l’autre côté, par Denise Bernard-Folliot.

Or, dans sa présentation des « [q]uatre aspects principaux de la traduction », Rune Ingo dit que « [la] préservation du style et de la forme n’est plus une tâche aussi centrale qu’auparavant ». Aujourd’hui, l’important est plutôt de rendre le sens du texte5

, une idée qui semble concerner surtout « la traduction littéraire »6. Cependant, ces questions-ci ne semblent pas être sans équivoque, vu que certains romans sont plus faciles à traduire que d’autres. C’est là l’analyse que fait Elisabeth Tegelberg dans un article examinant et comparant les deux

1

Söderberg 1905

2 Nationalencyklopedin 2008

3

Moltke-Huitfeld et Lavagne 1969 ; Bernard-Folliot 2005

4

Faite à partir de la traduction danoise !

5 Ingo 2007, p. 76 (ma traduction !) 6

(5)

Page | 4 traductions (traduction et retraduction) en français du roman Hemsöborna d’August Strindberg : « C’est naturellement une tâche très dure, pour ne pas dire impossible, de traduire

Hemsöborna en français. La langue et le style du roman sont très particuliers [...] »7. Plus loin elle conclut en disant, entre autres, que « [...] différentes traductions peuvent être différemment fructueuses en atteignant leurs buts [...] »8.

Les romans classiques suédois qui ont été traduits et aussi retraduits en français ne sont pas très nombreux, ce qu’on vient de constater. Cependant, ces œuvres ont joué un grand rôle dans l’héritage littéraire suédois, et ils le font toujours. A l’instar de Doktor Glas et de

Hemsöborna, Utvandrarna de Vilhelm Moberg, Nils Holgerssons underbara resa genom Sverige de Selma Lagerlöf et Markurells i Wadköping de Hjalmar Bergman ont été

retrauduits.

Outre ces romans, certaines œuvres plus récentes devraient être jugées dignes d’une bonne traduction en français. Ainsi, peut-être, il serait possible de rendre disponible l’ensemble du trésor romanesque suédois aux lecteurs français. Selon moi, Pippi Långstrump d’Astrid Lindgren est une œuvre dont la traduction française pourrait transmettre toute une idée révolutionnaire concernant la façon de regarder la relation enfant-parents. Dans l’étude qu’elle a faite de la première traduction de Pippi Långstrump, Christina Heldner est allée jusqu’à demander la retraduction de ce roman9

; un grand nombre d’adaptations du texte suédois à la société française, ainsi que de nombreuses suppressions de plusieurs pages - voilà deux raisons importantes pour retraduire cette œuvre. Et je suis de l’avis de Heldner ; sans doute, cette première traduction donne aux enfants français une idée fausse et tout à fait différente de celle du texte original. La fille insubordonnée que créait Astrid Lindgren ne semble pas avoir fait une bonne impression sur la traductrice, qui a créé une Fifi Brindacier qui se comporte beaucoup mieux vis-à-vis des adultes que ne le fait la Pippi Långstrump de Lindgren. Je considère cela comme une vraie perte stylistique, phénomène auquel on reviendra aussi à plusieurs reprises dans l’analyse des deux traductions de Doktor Glas. Il est donc raisonnable de supposer que les suppressions et les pertes stylistiques ont motivé la retraduction de Pippi Långstrump qui a été faite après la critique qui avait été adressée à la maison d’édition Hachette à ce sujet. Mais est-ce qu’il n’y a pas d’autres raisons pour

7

Tegelberg 2003, p. 171, in Eriksson (éd.) 2004, (ma traduction !)

8 Ibid, p. 202 (ma traduction !) 9

(6)

Page | 5 renouveler nos anciens classiques suédois ? Elisabeth Tegelberg dit qu’en ce qui concerne les romans plus anciens (des 18e et 19e siècles, par exemple), « [c]’est surtout le désir d’un plus haut degré de lisibilité qui crée le besoin de nouvelles traductions de textes littéraires. »10 Je ne crois pourtant pas que cela ait été la raison de retraduire, entre autres, Nils Holgerssons

underbara resa de Selma Lagerlöf ou bien l’œuvre de Vilhelm Moberg, Utvandrarna. En

effet, les motifs qu’a eus Philippe Bouquet pour retraduire Utvandrarna semble être utilisables aujourd’hui aussi : les suppressions et les transitions étaient fréquentes dans la première traduction de Utvandrarna, comme elles le sont dans celle de Doktor Glas.

La page de titre de la retraduction de Doktor Glas, par Denise Bernard-Folliot, indique qu’il s’agit de l’« édition intégrale de l’œuvre, sans suppressions ni résumés »11. Au premier abord, cette traduction a l’air d’être une reproduction à peu près textuelle du texte original. Or, est-ce que cela se révélera être vrai lors d’un examen minutieux ?

Quant à la première traduction, Marcellita Moltke-Huitfeld et Ghislaine Lavagne ne prétendent pas avoir rendu intégralement le texte original. Ce sont donc ces deux traductions (Doktor Glas et Docteur Glas), ainsi que le texte original, Doktor Glas, qui feront l’objet de ce mémoire.

1.2 Cadre théorique

Ce mémoire consiste en une étude sur la traduction et la retraduction en français d’un roman suédois, ainsi que d’une comparaison entre ces deux traductions par rapport au texte original. C’est le style spécifique de Hjalmar Söderberg qui a été l’objet d’intérêt au cours de l’analyse, afin de voir dans quelle mesure les versions françaises sont fidèles au texte original. Inspiré par d’autres études de romans suédois et de leurs traductions en français, le présent mémoire se placera ainsi dans un domaine scientifique assez bien étudié. Naturellement, la variété des romans (quant au style, au vocabulaire, etc.) demande des traductions différentes, ce qui crée aussi de multiples possibilités pour les chercheurs de critiquer le travail des traducteurs. Il va de soi qu’il y a une certaine diversité dans ce domaine de recherche, vu le fait que les chercheurs et les critiques ont des opinions différentes sur des critères comme la fidélité des

10 Tegelberg 2001, p. 137, in Eriksson (éd.) 2001 11

(7)

Page | 6 traductions aux textes originaux, etc. Il est souhaitable ainsi que l’analyse présentée dans ce mémoire contribue à maintenir la diversité dans le domaine de recherche en question.

L’histoire nous a appris qu’il est même possible de considérer la traduction comme une activité inappropriée, étant impossible. Joachim du Bellay, entre autres, plaidait cette opinion (citée dans Mounin, 1994, p. 18) en critiquant des traductions en français des langues grecque, latine, hébraïque etc. « Son grand argument », c’était :

[...] que la traduction reste insuffisante, même en tant qu’école propre à former notre littérature nationale, parce qu’elle n’enseigne pas les vrais moyens du style, de l’éloquence et de la poésie ; et qu’elle ne les enseigne pas parce que ces moyens sont intraduisibles. 12

Du Bellay met ici l’accent sur la langue française, mais il représente sans doute une critique digne d’être considérée en essayant de dresser la carte de la recherche sur la traduction en général. Tout en êtant intéressantes, les idées de du Bellay sont contestées par, entre autres, Georges Mounin, ce dernier constatant la possibilité de traduire même le style d’un poète. Cet argument pourrait être dans l’intérêt de ce mémoire, vu que c’est la reproduction d’un style spécifique, lors d’une traduction, qui y sera étudiée.

Rune Ingo, l’un des grands chercheurs scandinaves en traductologie, a contribué à la compréhension des moyens disponibles aux traducteurs. Dans les livres Från källspråk till

målspråk – Introduktion i översättningsvetenskap et Konsten att översätta13 Ingo reflète aussi, d’une manière intéressante, le discours de la recherche en question, recherche qu’il faut selon lui considérer comme interdisciplinaire (comportant à la fois la traductologie et la linguistique, etc.).

Il y a plusieurs motifs pour le choix du sujet de ce mémoire. Premièrement, c’est l’intérêt général que je porte à la traduction en français de textes suédois qui a été décisif pour cette orientation dans le domaine de la linguistique. L’étude de deux traductions d’un roman, en considérant leur dégré de fidélité en rendant le style spécifique de l’auteur, c’est une décision qui me semble importante et intéressante. Notamment, vu que c’est un phénomène assez rare, la retraduction d’un roman soulève beaucoup de questions intéressantes. Il en est ainsi pour

Doktor Glas et Docteur Glas, comparativement à leur texte original.

12 Mounin 1994, p. 18

13

(8)

Page | 7 1.3 Objectif

Par une comparaison des deux versions françaises du roman suédois, Doktor Glas, ce mémoire vise à examiner dans quelle mesure la première traduction et la retraduction sont fidèles au style de leur texte original.

Ci-dessous est présentée l’analyse de certains passages tirés des trois textes en question (celui original et les deux traductions en français). Étant donné que ces textes diffèrent beaucoup entre eux, il m’a semblé possible de faire certaines comparaisons fructueuses. Ici, l’intention est de présenter, en différentes catégories, quelques exemples de stratégies utilisées dans les deux traductions. Quant à la première traduction, deux stratégies se présupposant mutuellement, forment l’analyse de la reproduction du style de Hjalmar Söderberg, à savoir les suppressions et les transitions. Vu qu’en général il faut considérer ces deux stratégies comme relativement controversées (du moins si on trouve important, lors d’une traduction, de garder le plus possible du style spécifique de l’auteur), elles sont de la plus grande importance pour cette étude.

Malgré le fait que la retraduction est généralement textuelle en comparaison avec le texte original, Denise Bernard-Folliot aussi a utilisé une stratégie qu’il faut considérer comme assez controversée, à savoir celle consistant en l’emploi des notes en bas de page.

Outre la structure d’un roman, les mots sont porteurs d’une grande partie du style de l’auteur. Il est raisonnable de supposer que le vocabulaire original joue un grand rôle pour celui/celle qui se met à la traduction. Ainsi, quant aux traductrices de Doktor Glas, j’ai essayé parfois de comparer leurs rapports à Söderberg et au langage de celui-ci. L’essentiel a été tout le temps de considérer la traduction du style söderbergien.

1.4 Méthode

(9)

Page | 8 passages situés à des endroits différents dans les textes, à savoir deux pages au début, deux pages au milieu et deux pages à la fin.

Il est indispensable qu’en exécutant une étude comme celle-ci, le résultat dépendra du procédé choisi. Ainsi, afin d’obtenir un résultat qui soit juste, il m’a été important que le corpus soit représentatif et conforme à l’objectif de cette étude : essayer de répondre à la question de savoir si le style de Hjalmar Söderberg est traduisible en langue française.

2. ANALYSE 2.1.1 Les transitions

Après avoir lu le texte original de Hjalmar Söderberg, Doktor Glas, j’ai commencé par examiner comment celui-ci avait été traduit en français par Marcellita Moltke-Huitfeld et Ghislaine Lavagne (Doktor Glas). Aussitôt, j’ai remarqué un phénomène intéressant. En rendant le contenu de Söderberg, Moltke-Huitfeld et Lavagne ont utilisé très fréquemment des

transitions. C’est une façon de rendre en français l’ensemble du contenu du texte original,

mais sans utiliser le même nombre de phrases que Söderberg. Parfois, cela a pour résultat que la première traduction « anticipe sur les événements ». D’une certaine façon, j’ai eu l’impression qu’elle procède d’une autre manière et à une autre vitesse que le texte original, qui dit par exemple :

(1a) 12 juni.

Jag har aldrig sett en sådan sommar. Rötmånadshetta sedan mitten av maj. Hela dagen står ett tjockt töcken av damm alldeles stilla över gatorna och torgen.

Först på kvällen lever man upp en smula.

(Söderberg, p.7)

(10)

Page | 9

(1b)

12 juin

Je n’ai jamais vu d’aussi bel été. Depuis le 15 mai, le soleil règne dans toute sa gloire, un nuage de poussière plane, immobile, au-dessus de la cité, et le soir seulement on commence à respirer.

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 19)

Cependant, cette traduction ne diffère pas seulement du texte original, mais aussi de la retraduction faite par Denise Bernard-Folliot. Au lieu de changer l’étendue du premier paragraphe, dans la mesure du possible, Bernard-Folliot (p. 7) tient à garder « la forme textuelle » de Söderberg :

(1c)

12 juin

Jamais je n’ai vu pareil été. Une chaleur torride depuis la mi-mai. Une brume de poussière, dense, parfaitement immobile stagne tous les jours sur les rues et sur les places.

On ne revit un peu que vers le soir.

Les deux traductions procèdent ensuite selon ce modèle, et il y a de nombreux exemples pour démontrer la tendance chez Moltke-Huitfeld et Lavagne à étendre le contenu de certaines phrases du texte original :

(2a)

Nå, jag är nu ingen Schopenhauer ; då jag såg prästen komma emot mig på långt håll, det var på Vasabron, stannade jag hastigt och ställde mig att se på utsikten med armarna stödda mot broräcket. Helgeandsholmens grå hus, den gamla badstuns söndriga götiska träarkitektur som speglades bruten i det rinnande vattnet, de stora gamla pilarna, som doppade sina blad i strömmen.

(Söderberg, p. 8)

(11)

Page | 10

(2b)

Passons. Je n’ai rien de Schopenhauer. Lorsque de très loin j’aperçus le pasteur, c’était sur le pont Vasa. Je m’arrêtai net, m’accoudai sur le parapet et me mis à contempler les maisons de Helgeandsholmens, l’ancienne architecture suédoise en bois qui se reflétait dans l’eau rapide, entre les vieux saules que baignait le courant.

(2c)

Pour ma part, je ne suis nullement Schopenhauer. Quand j’aperçus de loin le pasteur venir à ma

rencontre – c’était sur Vasabron1 – je m’arrêtai immédiatement et me plongeai dans la

contemplation du paysage, accoudé au parapet. Les maisons grises de Helgeandsholmen2, l’ancien

bâtiment de bains dont l’architecture gothique en bois tombe en ruine et se reflète brisée dans le courant, les grands et vieux saules qui baignent leur feuillage dans l’eau.

Evidemment, le docteur Glas de Söderberg s’arrête au parapet et regarde Helgeandsholmen afin d’éviter le pasteur. Ce n’est pourtant pas l’idée que donnent Moltke-Huitfeld et Lavagne, celles-ci ayant divisé les phrases d’une façon qui rompt le flux du texte original ; la phrase suédoise « [,] det var på Vasabron, stannade jag [...] » a été traduite en français par « [,] c’était sur le pont Vasa. Je m’arrêtai net [,] ». Au premier abord, cette façon de couper une phrase en deux m’a donné l’impression que les traductrices avaient fait une erreur grammaticale. Cependant, il y a peut-être une autre interprétation possible de cette traduction : « [n]är jag på långt håll fick syn på pastorn,

så var det på Vasabron. ». Ainsi, il est très clair que le mot så, de la proposition

principale, décide la proposition subordonnée temporale ! Quel que soit ici le sens qu’ont voulu rendre les traductrices, c’est là un exemple très clair des effets de la stratégie employée par celles-ci.

(12)

Page | 11

(3a)

Om man tar in litet cyankalium i ett glas vin eller något liknande, följer döden ögonblickligen, glaset faller ur handen ner på golvet, och det är tydligt för var och en att det föreligger ett självmord. Det är inte alltid bra. Om man däremot tar ett av mina piller [...] (Söderberg, p. 76)

(3b)

Si l’on absorbe une dose de cyanure dans un liquide quelconque, la mort est instantanée, le verre tombe des mains et le décès peut paraître suspect, ce qui n’est pas toujours heureux. Mes pilules, au contraire, [...]

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 78)

(3c)

Si on avale un peu de cyanure de potassium dans un verre de vin ou quelque chose de semblable, la mort est instantanée, le verre vous tombe des mains sur le parquet et il ne fait de doute pour personne qu’il s’agit bien d’un suicide. Et cela n’est pas toujours bon. Si, en revanche, on prend l’une de mes pilules [...]

(Bernard-Folliot, p. 67)

A mon avis, le ton ironique et amusé de ces phrases dépend de la vitesse de la narration de Söderberg, vitesse gardée entre autres par l’affirmation concise du docteur Glas, det är inte

alltid bra. Il n’en est pas ainsi de la première traduction, alors que la « retraductrice » a gardé

le « rythme » du texte.

Mais pourquoi Moltke-Huitfeld et Lavagne n’ont-elles pas réussi à rendre ce trait stylistique söderbergien ? Il faut tout d’abord remarquer qu’elles ont fait une transition, réunissant ainsi les deux premières phrases en une seule. En outre, il me semble qu’en traduisant ces lignes, elles n’ont pas eu l’intention de présenter l’impassible docteur Glas, homme qui garde ses distances vis-à-vis des gens et de la mort.

(13)

Page | 12 révélée causer de grandes différences sémantiques, ainsi que stylistiques, par rapport au texte original.

2.1.2 Les suppressions

Outre la stratégie qui consiste à changer les liens entre certains paragraphes, déplaçant ainsi un peu le contenu du texte original, Moltke-Huitfeld et Lavagne vont parfois jusqu’à en supprimer des phrases. Voici une phrase du texte original (p. 89) qui n’a pas d’équivalent dans cette traduction ; en d’autres termes, Moltke-Huitfeld et Lavagne ont fait ici une vraie

suppression :

(4a)

Eller man går och tittar i rännstenen och undrar, om man verkligen gör rätt i att supa ihjäl sig eller om man kanske kunde finna på något bättre att fylla ut tiden med.

(Söderberg, p. 89)

(4b)

____ ____ ____

(4c)

Sinon on regarde dans le caniveau et on se demande si on fait vraiment bien de se tuer à force de s’enivrer et si on ne peut pas trouver une meilleure façon d’occuper son temps.

(Bernard-Folliot, p. 79)

(14)

Page | 13 Le style littéraire de Hjalmar Söderberg se caractérise sur bien des points par une ironie pareille à celle exprimée dans la phrase suédoise et celle française citées ci-dessus. La

suppression de cette phrase chez Moltke-Huitfeld et Lavagne implique donc une vraie perte stylistique. Pourtant, quant au sens du passage en question, ces deux traductrices l’ont rendu généralement bien. Les idées de Markel, Birck et Doktor Glas sont là, tandis que le raisonnement qu’ils mènent manque de certains détails importants pour l’ensemble de la sensation littéraire.

Il est vrai que, parmi les différentes stratégies de traduction étudiées dans ce mémoire, ce sont les suppressions de phrases et de passages entiers qui sont les plus fréquentes (du moins chez Moltke-Huitfeld et Lavagne). Néanmoins, pour que le sens d’un certain contexte soit gardé, il faut faire aussi une transition qui lie les deux phrases ou passages environnant la phrase ou le passage supprimés. La transition sera ainsi un résultat plus ou moins nécessaire de la suppression.14 Le passage suédois cité ci-dessous contient deux phrases, dont la dernière parle d’une maison typiquement suédoise, la stuga. Comme on le voit, ce « phénomène » est complètement absent dans la traduction de Moltke-Hultfeld et Lavagne:

(5a)

Aldrig har jag känt lyckan och stoltheten över att höra hemma i en stad starkare än då jag som barn kom in från landet någon höstkväll och såg det tindra ljus runt kajerna. Nu, tänkte jag, nu måste de stackarna där borta på landet hålla sig inne i stugan eller också stövla omkring i mörker och smuts. - Men det är sant, tillade han, på landet har man istället en helt annan stjärnhimmel än här.

Här duka stjärnorna under i konkurrensen med gaslyktorna. Och det är synd. (Söderberg, p. 87)

(5b)

Je ne me suis jamais senti aussi heureux de vivre ici que dans mon enfance, lorsque rentrant de la campagne par les soirs d’automne, je voyais étinceler les rangées de lumières le long des quais. Il est vrai qu’au-dessus des champs et des bois, le ciel étoilé est tout différent de celui des villes. Ici, les étoiles pâlissent auprès des becs de gaz et c’est rudement dommage !

14

(15)

Page | 14

- Mais, rétorqua Markel, les étoiles ne sont pas faites pour éclairer nos escapades nocturnes.

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 89)

(5c)

Je n’ai jamais ressenti plus fortement le bonheur d’être citadin que lorsque, dans mon enfance, je rentrais de la campagne les soirs d’automne et que je voyais briller les réverbères le long des quais. Je pensais alors aux pauvres bougres qui là-bas, à la campagne, devaient s’enfermer dans leur

stuga1 et patauger dans le noir et dans la boue.

- Mais il est vrai, ajouta-t-il, qu’à la campagne le ciel est en revanche beaucoup plus étoilé qu’ici.

Les étoiles, en ville, succombent à la concurrence des réverbères à gaz. C’est bien dommage. (Bernard-Folliot, p. 77)

Ce que ces exemples montrent de très intéressant, c’est avant tout que les traductrices ont utilisé des stratégies tout à fait différentes. En retraduisant le roman de Söderberg, Bernard-Folliot a rendu tout le contenu d’une façon très fidèle, et elle a même gardé tel quel le mot suédois stuga. Étant un mot fortement imprégné de culture suédoise, il lui a été peut-être nécessaire de donner au lecteur de cette traduction de l’information sur ce phénomène très cher aux Suédois. Bernard-Folliot a choisi ici d’utiliser la note en bas de page pour l’expliquer au lecteur français, répondant ainsi d’une façon convenable au besoin d’une explication. Cette « solution de fortune »15, comme l’appellent certains traducteurs, ne semble pourtant pas être sans équivoque ! Au cas où le mot original demande une explication plus minutieuse, les notes ne font souvent que confondre le lecteur. Aussi, en utilisant un grand nombre de notes, le traducteur risque de détourner la concentration du lecteur, lui faisant en même temps perdre le contexte.

La suppression qu’ont faite Moltke-Huitfeld et Lavagne (citée ci-dessus) est encore un exemple d’une perte stylistique. En effet, en raisonnant sur les étoiles et les réverbères, Markel, Birck et Doktor Glas expriment tous une prédilection pour la vie citadine. En même temps, ils ironisent sur les provinciaux. L’idée de Söderberg sur la « stuga » n’étant même pas mentionnée dans Moltke-Huitfeld et Lavagne, cette ironie n’y est pas très claire ! En effet,

15

(16)

Page | 15 chez cette paire de traductrices, il n’est pas évident du tout que ce soit dans la ville que préfèrent vivre les trois hommes. Cependant, considérant la suite de leur traduction, on trouve qu’elles ont lié très fidèlement les phrases environnant celle supprimée. Donc, la suppression a eu ici à peu près le même effet sur le sens général qu’avait celle exemplifiée précédemment : on pourrait dire que les traductrices ont rendu l’essentiel du raisonnement sur le rôle des étoiles, dans la ville et à la campagne, ainsi que le « rythme » du texte, même si le sarcasme sur les provinciaux n’est pas aussi fort ici que chez les trois personnages du texte suédois. Il faut aussi se rappeler l’amour que portait Hjalmar Söderberg à sa ville, Stockholm. Ce sarcasme, alors, ne serait-il pas à considérer comme l’opinion de l’auteur lui-même ?

2.2 D’autres remarques concernant le style

Le style spécifique de l’auteur se traduit entre autres en son langage imagé très particulier, ce dont témoignent entre autres les passages concernant les étoiles. En voici un bon exemple :

(6a)

Nej, stjärnorna kan inte längre glädja sig åt samma popularitet som förr i världen. Så länge man trodde att ens öde hängde på dem, voro de fruktade men också älskade och dyrkade.

(Söderberg, p. 88) (6b)

Les étoiles ne peuvent plus éveiller la même sensibilité qu’autrefois. Lorsqu’elles déterminaient notre destin, on les craignait mais on les priait également.

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 90) (6c)

Eh non, les étoiles ne peuvent plus jouir de la même popularité qu’autrefois. Aussi longtemps qu’on a cru le destin sous leur dépendance, elles ont été craintes, mais aussi aimées, adorées.

(Bernard-Folliot, p. 78)

(17)

Page | 16 rendue Bernard-Folliot, en faisant une traduction à peu près textuelle (ce qu’on a constaté précédemment !). Moltke-Huitfeld et Lavagne, de leur côté, ont eu, il me semble, un « point de départ » tout à différent. Au lieu d’éprouver de la popularité de la part des gens, chez ces premières traductrices les étoiles ne peuvent plus agir de façon à faire sentir des choses aux gens ! Evidemment, les deux traductions rendent en quelque sorte l’idée que les étoiles sont un peu extraordinaires. Cependant, je ne trouve pas que la première traduction corresponde aussi bien au sens de Söderberg que la retraduction. A mon avis, il s’agit surtout d’une plus haute fidélité envers le vocabulaire original chez Bernard-Folliot que chez Moltke-Huitfeld et Lavagne!

Hjalmar Söderberg savait aussi comment donner à tous les contextes et aux caractères du récit leur niveau stylistique particulier. C’était un narrateur efficace qui faisait avancer l’action à une vitesse accélérée et d’une manière qu’on décrirait comme « brève », « saccadée », ce qui est très clair dans les phrases suivantes :

(7a)

Mötte fröken Mertens på min morgonritt och växlade några muntra ord med henne i förbifarten. Jag tycker om hennes ögon. Jag tror att det är mera djup i dem än man ser strax. Och så håret...

(Söderberg, p. 138)

A mon avis, Moltke-Huitfeld et Lavagne n’ont pas augmenté la vitesse de la narration, mais plutôt le niveau stylistique ! En utilisant des pronoms personnels et des verbes auxiliaires, encore une fois, ces traductrices ont rompu le flux du texte original (cf. l’exemple 2b)

(7b)

J’ai rencontré Mlle Mertens au cours de ma chevauchée matinale. Nous avons échangé en passant quelques mots enjoués. J’aime ses yeux ; il y a en eux plus de profondeur que l’on n’en remarque au premier abord. Et ses cheveux...

(18)

Page | 17

(7c)

Rencontré Mlle Mertens pendant ma promenade matinale à cheval, échangé avec elle quelques paroles enjouées au passage. J’aime ses yeux. Je trouve qu’il y a en eux plus de profondeur qu’on ne le croirait au prime abord. Et aussi ses cheveux...

(Bernard-Folliot, p. 120)

2.3 Le vocabulaire

Les deux traductions diffèrent du texte original à plusieurs égards, ce dont on se rend compte en les examinant de près. Outre leur emploi de stratégies différentes (transitions et

suppressions), les traductrices diffèrent quant au vocabulaire. Naturellement, en rendant le

récit de Söderberg, elles s’expriment en d’autres termes que celui-ci. Cependant, parfois elles s’écartent inutilement du texte söderbergien. Par exemple, le pronom possessif de la phrase suédoise citée ci-dessous a été traduit en français par l’article indéfini chez Moltke-Huitfeld et Lavagne, alors que Bernard-Folliot a utilisé le pronom possessif. Selon moi, cette dernière traduction est préférable, vu, entre autres, que l’usage du pronom possessif est plus fréquent dans la langue française que dans le suédois. Bernard-Folliot réussit ainsi à rendre l’image d’un vrai « homme d’avenir » et de succès, qui a même « son ministère » à lui !

(8a)

[,] med ena foten i sitt departement och den andra i finansvärlden ; [...] (Söderberg, p. 139)

(8b)

[,] avec un pied dans un ministère et un autre dans la finance. [...]

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 136)

(8c)

[,] un pied dans son ministère, l’autre dans la finance ; [...]

(19)

Page | 18 On peut constater qu’en général, la traduction de Moltke-Huitfeld et Lavagne diffère plus souvent du texte original que la retraduction de Bernard-Folliot. Déjà en lisant la toute première phrase du livre, on se rend compte qu’il y a une grande différence entre les deux traductions : Moltke-Huitfeld et Lavagne utilisent les mots bel été, qui ont un ton positif, tandis que Bernard-Folliot dit pareil été. La « retraductrice » s’exprime donc en des termes plus neutres que ne le font Moltke-Huitfeld et Lavagne (voir les exemples 9a, 9b, 9c).

(9a)

12 juni. Jag har aldrig sett en sådan sommar.

(Söderberg, p. 7) (9b)

12 juin

Je n’ai jamais vu d’aussi bel été.

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 19) (9c)

12 juin

Jamais je n’ai vu pareil été.

(Bernard-Folliot, p. 7)

Cela ne veut pourtant pas dire que Moltke-Huitfeld et Lavagne manquent toujours de conformité avec Söderberg. Par exemple, la nominalisation qu’elles ont faite (citée ci-dessous) devrait être considérée comme typique de la langue française16 (cf. Eriksson 1997, p. 121). Tout en adoptant une attitude assez libérale vis-à-vis du texte original - le mot noyade

16

(20)

Page | 19 ne rend pas très fidèlement le verbe gå under - c’est une stratégie souvent utilisée en traduisant en français des textes suédois.

(10a)

Hon kan varken resa eller stanna. Resa – med Klas Recke ? Bli honom en börda och en black om foten ? Jag välsignar henne för att hon inte vill det. De skulle gå under bägge.

(Söderberg, p. 138) (10b)

Mme Gregorius ne peut ni s’en aller ni rester ici. Partir avec Klas Recke ? Devenir pour lui une charge, un boulet à ses pieds ? Je la bénis de ne même pas envisager cette solution qui est la noyade certaine pour tous les deux.

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 136)

(10c)

Elle ne peut ni partir ni rester. Partir ? Avec Klas Recke ? Devenir pour lui un fardeau, un boulet au pied. Je la bénis de ne pas le vouloir. Ils sombreraient tous les deux.

(Bernard-Folliot, p. 121)

(21)

Page | 20 A ce sujet, je voudrais revenir au texte original et à une phrase précédemment analysée. Dans un de ses « monologues », le docteur Glas « [...] se demande si on fait vraiment bien de se tuer à force de s’enivrer et si on ne peut pas trouver une meilleure façon d’occuper son temps ». Il faut vraiment considérer cette ironie comme très typique de Söderberg, ironie ancrée dans la manière de regarder et d’user de l’alcool parmi les Suédois à l’époque. On appréciait, et on le fait toujours, l’effet enivrant de l’alcool, tandis que les Français, par exemple, considèrent les boissons alcooliques comme faisant partie du repas.

Le lien entre la culture suédoise et la vie de Söderberg, d’un côté, et les personnages du roman

Doktor Glas, de l’autre côté, se manifeste à plusieurs reprises au cours du récit. Comme on le

sait déjà, il est souvent question des habitudes des personnages en matière d’alcool. Voici un exemple d’un phénomène typiquement suédois, à savoir le « grogg », et les deux traductions françaises de ce mot :

(11a)

Han tog en klunk ur sin grogg och fortfor :

(Söderberg, p. 88) (11b)

Il prit une gorgée de whisky et continua :

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 90) (11c)

Il avala un peu d’alcool avant de poursuivre :

(Bernard-Folliot, p. 78)

Commençons par une analyse de la traduction de Moltke-Huitfeld et Lavagne. Elles ont utilisé la notion quantitative une gorgée de whisky, ce qu’on peut mettre en question. Selon

(22)

Page | 21

klunk17. A mon avis, c’est une quantité moins grande de liquide que le « grogg », ce dernier

étant souvent tout un verre de, par exemple, whisky mêlé de limonade.

Dans la retraduction de Bernard-Folliot, les mots un peu d’alcool désignent les mots suédois

en klunk. Evidemment, en klunk peut indiquer des volumes tout à fait différents, mais les mots un peu d’alcool me semblent y correspondre mieux qu’une gorgée de whisky !

Comme le « grogg » contient souvent du whisky (pourtant pas nécessairement!), la traduction de Moltke-Huitfeld et Lavagne me semble mieux correspondre au texte original que la retraduction de Bernard-Folliot. Le « grogg » est un phénomène très connu des Suédois, et je crois qu’en lisant le texte original, n’importe quel Suédois reconnaîtrait et pourrait s’associer au « grogg » et à la culture de celui-ci ! Pour cette raison, je ne trouve pas qu’il suffise de traduire en français ce mot par alcool. En traduisant des textes comme celui dont il est question ici, il faut plutôt penser à considérer des phénomènes essentiels à la culture de l’auteur, en essayant de les rendre d’une façon fidèle.

Cependant, la tâche de traduire un roman implique toujours beaucoup de choix, et il faut souvent faire des compromis. Même si je préfère ici la première traduction (whisky), il pourrait donc y en avoir une qui soit meilleure.

Restons encore un moment dans l’analyse des deux traductions en matière d’alcool. On a constaté précédemment qu’en utilisant des suppressions et des transitions, Moltke-Huitfeld et Lavagne ont changé le sens du récit original, ce qu’on a vu clairement dans l’exemple 3b. Cette traduction diffère du texte söderbergien, non pas seulement en ce qui concerne la longueur de la phrase, mais aussi quant au choix des mots. Voici encore une fois les exemples 3a, 3b et 3c (ici nommés 12a, 12b et 12c) :

(12a)

Om man tar in litet cyankalium i ett glas vin eller något liknande, följer döden ögonblickligen, glaset faller ur handen ner på golvet, och det är tydligt för var och en att det föreligger ett självmord. Det är inte alltid bra. Om man däremot tar ett av mina piller [...]

(Söderberg, p. 76)

17

(23)

Page | 22

(12b)

Si l’on absorbe une dose de cyanure dans un liquide quelconque, la mort est instantanée, le verre tombe des mains et le décès peut paraître suspect, ce qui n’est pas toujours heureux.

(Moltke-Huitfeld et Lavagne, p. 78)

(12c)

Si on avale un peu de cyanure de potassium dans un verre de vin ou quelque chose de semblable, la mort est instantanée, le verre vous tombe des mains sur le parquet et il ne fait de doute pour personne qu’il s’agit bien d’un suicide. Et cela n’est pas toujours bon.

(Bernard-Folliot, p. 67)

A partir du choix des mots de Moltke-Huitfeld et Lavagne, un liquide quelconque, je trouve légitime de poser ici la question de savoir s’il s’agit d’une faute d’inattention de leur part, ou si elles l’ont fait exprès. Le « vin » n’est aucunement une boisson inconnue à la culture française, ce qui rend encore plus étrange le fait que les traductrices aient remplacé les mots

ett glas vin eller något liknande par les mots à sens plus général un liquide quelconque.

En comparant ici la première traduction avec la retraduction « textuelle » de Bernard-Folliot, j’ai eu l’impression que Moltke-Huitfeld et Lavagne ont voulu créer quelque chose de nouveau et de propre à elles. Comme je l’ai dit auparavant, les traductrices ont dû souvent s’exprimer en d’autres termes que l’auteur. Quant à Moltke-Huitfeld et Lavagne, pourtant, j’ai eu presque tout le temps l’impression d’une paire de traductrices ayant pour tâche de modifier et, à certains endroits, d’embellir le récit de Hjalmar Söderberg.

3. DISCUSSION ET ÉVALUATION

L’objectif de ce mémoire a été surtout d’essayer de répondre à cette question générale : est-ce que le style littéraire de Hjalmar Söderberg est traduisible en langue française ? Cela a été mon intention d’appliquer cette question à la traduction et à la retraduction en français de son roman Doktor Glas. Quel en est alors le résultat ?

(24)

Page | 23 retraduction, il faut se demander tout d’abord en quoi la première traduction était inférieure à la retraduction.

Dans ce mémoire j’ai divisé l’analyse en trois domaines principaux : (1) les transitions et les

suppressions, (2) le vocabulaire ainsi que (3) d’autres remarques concernant le style. Ce sont

trois domaines dans lesquels Moltke-Huitfeld et Lavagne s’écartent du récit de Hjalmar Söderberg. Les transitions et les suppressions sont deux stratégies employées par ces traductrices, stratégies qu’on a souvent lieu de considérer comme controversées.

On peut aussi mettre en question leur choix des mots. Je trouve qu’il y a une dépendance mutuelle entre le vocabulaire et le style de l’auteur. Or, chez Moltke-Huitfeld et Lavagne le choix des mots ne semble pas toujours en rapport avec le style söderbergien. C’est dans des situations pareilles que j’ai remarqué aussi la tendance de leur part d’augmenter le niveau stylistique par rapport à celui söderbergien.

Sous la rubrique d’autres remarques concernant le style, j’ai voulu montrer au lecteur l’importance du langage imagé et de la vitesse dans la narration söderbergienne. Chez Moltke-Huitfeld et Lavagne, ce sont malheureusement deux facteurs qui manquent parfois de conformité avec Söderberg.

Tout en présentant souvent une traduction insuffisante, voire fausse, Moltke-Huitfeld et Lavagne sont parfois dignes d’éloges dans les domaines analysés. Par exemple, je préfère leurs choix des mots dans les exemples 10b (la noyade) et 11b (whisky).

(25)

Page | 24 4. CONCLUSION

Dans le présent mémoire, l’objet de l’analyse a été deux versions françaises du roman Doktor

Glas de Hjalmar Söderberg, à savoir Doktor Glas de Marcellita Moltke-Huitfeld et Ghislaine

Lavagne d’un côté, et, de l’autre côté, Docteur Glas de Denise Bernard-Folliot. Je tirerai ici la conclusion des résultats de l’analyse, qui sont clairs : la première traduction est assez défectueuse, alors que la retraduction est à peu près textuelle et irréprochable.

De quelle façon les deux traductions se distinguent-elles alors l’une de l’autre ? Tout d’abord, il s’agit d’une différence concernant leur fidélité au texte original, ce qu’on voit surtout en ce que Moltke-Huitfeld et Lavagne ont choisi de supprimer des phrases et des passages du texte söderbergien, alors que Bernard-Folliot a choisi d’en rendre l’ensemble. J’ai pu constater aussi que les suppressions faites par Moltke-Huitfeld et Lavagne ont causé des pertes qui affectent de façon très négative le style littéraire söderbergien ; c’est ce que j’ai appelé des

pertes stylistiques.

Quant au vocabulaire de Söderberg, les deux traductions s’en écartent parfois inutilement, procédé qui a causé des pertes stylisitques et pour lequel j’ai eu du mal à trouver une bonne raison.

Bernard-Folliot a fait une retraduction « sans suppressions ni résumés », ce qui est clair dès le début de celle-ci. Cependant, elle a utilisé des notes en bas de page, stratégie controversée et sujet à des discussions entre traductologues et traducteurs. Tout en rendant intégralement le contenu du texte original, Bernard-Folliot utilise parfois des stratégies qui peuvent être critiquées. A mon avis, il y a pourtant une grande différence entre ces stratégies et celles employées par Moltke-Huitfeld et Lavagne : l’emploi des notes en bas de page ne risque pas de la même façon de causer des pertes stylistiques que le fait les suppressions.

Finalement, je dirai que je trouve possible de transmettre dans une langue étrangère le style littéraire d’un écrivain. La question de savoir dans quelle mesure une traduction est fidèle au texte original dépend beaucoup des stratégies de traduction choisies par le traducteur. Dans le cas examiné dans le présent mémoire, pourtant, il n’y a aucun doute que la retraduction présente une plus haute fidélité envers Hjalmar Söderberg que ne le fait la première traduction.

(26)

Page | 25 5. RÉFÉRENCES

Littérature

Bernard-Folliot, Denise 2005, Docteur Glas, ÉDITIONS MICHEL DE MAULE, PARIS. Eriksson, Olof 1997, Språk i kontrast – en jämförande studie av svensk och fransk

meningsstruktur, AKADEMIFÖRLAGET, Göteborg.

Heldner, Christina 1993, « Fifi brindacier eller Pippi Långstrump i fransk tvångströja », p. 66, in Söhrman, Ingmar (red.) 1993, La culture dans la langue, Stockholm : ALMQVIST & WIKSELL INTERNATIONAL.

Ingo, Rune 1991, Från källspråk till målspråk – Introduktion i översättningsvetenskap Lund, Studentlitteratur

Ingo, Rune 2007, Konsten att översätta, p. 17, 76, Lund, Studentlitteratur. Moltke-Huitfeld, Marcellita et Lavagne, Ghislaine 1969, Doktor Glas, Julliard.

Mounin, Georges 1994, Les belles infidèles – étude de la traduction, p. 18, Lille, Presses Universitaires de Lille.

Norstedts Franska Ordbok – Édition étudiant 2001, p. 338, Norstedts Akademiska Förlag (Norstedts

Ordbok)

Söderberg, Hjalmar 1905, Doktor Glas, Stockholm, Albert Bonniers Förlag.

Tegelberg, Elisabeth 2001, « Réflexions sur deux traductions de Utvandrarna de Vilhelm Moberg », p. 137, 141, 142, in Eriksson, Olof (éd.) 2001, Aspekter av litterär översättning, Växjö University Press, Växjö universitet.

Tegelberg, Elisabeth 2003, « Översättningarna av Hemsöborna till franska – några

reflektioner kring svårigheter, strategier och strykningar », p 171, 202, in Eriksson, Olof (éd.) (2004), Strindberg och det franska språket, Växjö University Press.

Internet

Nationalencyklopedin 2008, « Hjalmar Söderberg », (site visité le 21 novembre 2008),

References

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